Nouveau visage à la tête de l'Assemblée nationale à Madagascar. Jeudi 11 juillet, les 160 députés présents au palais de Tsimbazaza ont élu à l'unanimité Justin Tokely comme président de la chambre basse. Ancien ministre de l'Intérieur d'Andry Rajoelina et figure du régime, il était candidat unique au perchoir.
Sa victoire ne fait déjà aucun doute. Le 160e bulletin déplié confère finalement à Justin Tokely l'unanimité des voix devant une assemblée en liesse. Aucun suspens au moment du vote dans l'hémicycle. Fait notable en revanche, le député du pouvoir a même été adoubé par les deux plateformes d'opposition représentées à l'Assemblée ainsi que les candidats indépendants.
Le consensus affiché au sein de l'hémicycle intervient après plusieurs heures de tractations menées en coulisse avant le vote. Ces discussions ont même mené les élus du « Firaisankina », la principale plateforme d'opposition, à apporter un soutien sans réserve au député du pouvoir.
Un plébiscite dont Justin Tokely se félicite. « 100% des 160 députés [présents] ont voté pour moi, donc ça veut dire que je suis un rassembleur. On appelle ce palais "le palais de la démocratie", c'est-à-dire que tout le monde est libre de s'exprimer. »
En première ligne des décisions sécuritaires
Ministre de l'Intérieur depuis 2022, Justin Tokely était en première ligne des grandes décisions sécuritaires au moment où le collectif des onze ex-candidats d'opposition à la présidentielle faisait face au régime dans la rue. Il avait été accusé de museler les voix dissidentes en limitant le droit de manifester.
Des tensions semble-t-il dissipées aujourd'hui. « C'est vrai qu'il y a énormément de choses à dénoncer dans ce régime. Mais ce monsieur [Justin Tokely] il a été clair, propre, transparent. Il a toujours à mon avis respecté l'État de droit et la bonne gouvernance. C'est un républicain, au-dessus de tout clivage », explique Roland Ratsiraka, ex-candidat à la présidentielle et député d'opposition de Tamatave.
Dans son premier discours, Justin Tokely a martelé sa volonté de rassembler. Sa fidélité envers la coalition présidentielle Irmar sera sans aucun doute scrutée. Christine Razanamahasoa, sa prédécesseure au perchoir, avait été déchue de ses fonctions en mars dernier au nom de ses propos critiques contre le régime.