Kenya: Dissolution du gouvernement - William Ruto fait feu de tout bois pour sauver son fauteuil

William Ruto, président du Kenya
11 Juillet 2024
analyse

On le savait acculé depuis quelques jours. Mais on ne savait pas qu'il franchirait le pas en se séparant des membres de l'Exécutif. Il l'a pourtant fait. Le président kényan William Ruto, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a, en effet, limogé, le 11 juillet 2024, la quasi-totalité des membres de son gouvernement.

C'est au cours d'un point de presse animé depuis le palais présidentiel, qu'il a annoncé cette décision pour le moins surprenante. Le locataire de la State House explique sa décision par sa volonté d'être à l'écoute de son peuple et par les performances peu satisfaisantes de son cabinet. Dans la foulée, il promet d'engager de vastes consultations à travers différents secteurs et formations politiques dans le but, dit-il, de définir un gouvernement à base élargie qui l'aidera à presser le pas et décider des mesures nécessaires et urgentes.

On l'aura compris. Le président Ruto, fragilisé par les récentes manifestations d'une violence terrifiante dans le pays, fait feu de tout bois pour sauver son pouvoir. D'autant que cette décision n'est pas la première du genre prise par le chef de l'Etat pour calmer, à sa manière, son peuple entré dans une colère noire, après l'annonce de mesures qui pourraient accentuer la pression fiscale sur les populations.

En effet, on s'en souvient, il avait déjà retiré, le 26 juin dernier, le projet de budget controversé qui prévoyait des augmentations de taxes. Un rétropédalage qu'il a fait au lendemain d'une journée de violences marquée par l'assaut du parlement par les manifestants et qui ont entrainé, selon certains chiffres, la mort d'une quarantaine de personnes.

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William Ruto tente de rectifier le tir

En se séparant donc de son gouvernement et en exprimant, dans le même temps, sa volonté de composer avec les différentes forces sociales pour la formation du prochain gouvernement, William Ruto tente ainsi de rectifier le tir. S'il fait des concessions à l'effet de contenter ses concitoyens, le cinquième président du Kenya donne également la preuve qu'il filait du mauvais coton.

En effet, cette manie regrettable qu'ont bien des dirigeants du continent à réprimer systématiquement les manifestations de leurs compatriotes qui ne demandent souvent qu'un minimum de conditions pour vivre dignement, n'est pas la bonne méthode. L'attitude du président kényan qui avait répondu par une répression aveugle aux manifestations de son peuple, était d'autant plus déplorable que ce dernier a, après près de deux ans de gouvernance, déçu les espoirs placés en lui.

En effet, arrivé au pouvoir en août 2022, avec la promesse de défendre les plus pauvres, le successeur de Uhuru Kenyatta, au lieu de s'atteler à la réalisation de ce rêve vendu aux détours de campagnes électorales, s'est retrouvé à imposer au même peuple, une pression fiscale insoutenable. C'est une leçon qu'il vient donc de recevoir de son peuple qui lui a rappelé que les peuples sont toujours les plus forts quand ils décident de prendre leur destin en main. Et, il est dans son intérêt d'en prendre bonne note en restant toujours dans cette dynamique d'écoute des préoccupations des masses populaires. C'est la seule manière pour lui de sauver la face.

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