Libye: Les tragédies se poursuivent dans la Méditerranée

Forum International sur la Migration Transméditerranéenne
12 Juillet 2024

Quatre migrants sont morts noyés ce vendredi au large des côtes françaises. Cinq jours avant le forum international sur la migration en Méditerranée, focus sur la situation en Lybie qui va accueillir cette rencontre.

Située à une centaine de kilomètres des côtes italiennes, la Libye est l'un des principaux pays de départ en Afrique du Nord pour des milliers de migrants, en majorité d'origine subsaharienne, qui veulent aller en Europe en traversant la Méditerranée.

Michael Shira, un Nigérian de 19 ans, a expliqué à la DW comment il a pu échapper à une rafle menée par les forces de sécurité libyennes. Mercredi matin, des policiers ont fait irruption dans un coffee shop de la ville côtière de Zuwara, près de la frontière tunisienne, où un groupe de migrants, dont il faisait partie, attendait des potentiels employeurs. "Nous vivons dans une peur constante. Les autorités libyennes arrêtent actuellement les migrants partout où elles les voient."

Michael vit en Libye depuis plusieurs mois, il espère trouver du travail en attendant l'opportunité de monter sur un bateau pour rejoindre l'Europe. Il raconte qu'au départ, il était en Tunisie, où il a été pourchassé avec d'autres par la police. Le plus souvent les migrants comme lui finissent dans l'un des centres de détention libyens.

Les exactions se poursuivent en toute impunité

De nombreux cas de violation des droits humains sont rapportés par les associations qui viennent en aide aux migrants. Liz Throssell, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, rappelle que la Libye n'a pas réglé la question des violences que subissent ces populations. "Nous continuons de constater des violations généralisées des droits de l'Homme contre les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile en Libye", précise-t-elle à la DW.

Selon les Nations Unies, ces violations comprennent le trafic d'êtres humains, les actes de torture et de viol, les expulsions massives, le travail forcé, l'extorsion et le manque de nourriture dans des camps de détention aux conditions de vie intolérables.

Cette semaine encore, Volker Türk, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, a exhorté les autorités libyennes à mener des enquêtes sur un charnier récemment découvert le long de la frontière entre la Libye et la Tunisie, ainsi que sur celui mis à jour dans la vallée d'Al-Jahriya, en Libye, au mois de mars.

Crise libyenne en toile de fond

Au fil des ans, la Libye et la Tunisie sont devenues les points de départ les plus célèbres d'Afrique du Nord pour les migrants en provenance des pays subsahariens. Les deux pays sont également partenaires de l'Union européenne qui cherche à freiner le flux migratoire à travers la mer Méditerranée.

Les groupes humanitaires sur le terrain font état d'une augmentation des départs vers l'Europe, mais il est difficile d'obtenir des chiffres précis à cause du contexte politique libyen. Le pays est en crise depuis une décennie.

L'ouest de la Libye est sous l'administration du gouvernement reconnu par l'Onu, dirigé par le président Abdelhamid Dbeibah, à Tripoli, tandis que l'est est sous le contrôle du général Khalifa Haftar.

Dans un point de presse qu'il a tenu cette semaine, le ministre libyen de l'Intérieur, Imad Trabelsi, a indiqué qu'entre 70% à 80% des étrangers qui se trouvent dans son pays sont en situation irrégulière.

Le forum international sur la migration en Méditerranée du 17 juillet prochain a pour objectif de trouver comment freiner le flux migratoire en mettant en place de des projets de développement dans les pays de départ des migrants.

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