Niger: Un an après le coup d'Etat, dégradation de la sécurité intérieure et des droits humains

Le général Abderrahmane Tiani et son Premier ministre, Ali Lamine Zeine, en communion avec l'ensemble du gouvernement et du peuple nigériens,

Au Niger, plusieurs jours de célébrations prévus à partir de ce vendredi pour marquer la prise du pouvoir par le CNSP. C'était il y a tout juste un an. Le 26 juillet 2023, des militaires renversent Mohamed Bazoum.

Depuis, l'ancien président est toujours détenu à la résidence présidentielle avec son épouse, son immunité a été levée le mois dernier. Parmi les arguments mis en avant par les militaires au moment du coup d'État : la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays et la mauvaise gouvernance économique et sociale. Un an après, quel bilan tirer sur le plan de la politique intérieure ?

Pas de feuille de route de la transition au Niger... Le dialogue national inclusif annoncé en août dernier pour définir ses grands axes n'a pas encore eu lieu.

Le général Tiani à la tête du CNSP, qui n'a pas prêté serment à ce jour, avait alors promis que la durée de la transition ne dépasserait pas trois ans. Il ne l'a plus évoquée depuis.

Un an après le coup d'État, les activités des partis politiques restent suspendues, sans perspective de reprise. Les organes élus ont été dissous, y compris au niveau local. « Le CNSP pilote seul », commente un observateur.

Dans la société civile nigérienne, plusieurs voix se sont inquiétées cette année d'un décret de la présidence qui abroge les contrôles sur les dépenses liées à la défense.

La situation sécuritaire se dégrade

Parmi les arguments mis en avant par les militaires au moment du coup d'État : la dégradation continue de la situation sécuritaire dans le pays. Un an après, quel bilan tirer sur le plan sécuritaire ?

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« Quand on regarde le nombre d'incidents, il y a eu plus d'incidents graves ou moins graves après le coup d'État qu'avant le coup d'État et le nombre de victimes aussi a augmenté parmi les soldats, signale Seidik Abba, président du CIRES, le Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel, joint par Magali Lagrange. Ça, ce sont des éléments factuels.

Il y a aussi un autre fait, c'est l'extension géographique de la menace, peut-être avec l'intensification des activités du JNIM, notamment dans la zone frontalière avec le Burkina Faso et le Bénin ; et de l'EIGS du côté de la zone des 3 frontières, (Niger, Benin, Burkina), on sent aussi qu'il y a une intensification des activités ; et (est-ce le hasard) même du côté du Sud-Est, dans le bassin du lac Tchad, Boko Haram qui était relativement affaibli, a repris l'axe entre Diffa et Maïné. Il y a eu des attaques, donc on constate une certaine intensification des activités des groupes terroristes avec une pénétration à l'intérieur puisque les attaques, elles, ont progressé territorialement à l'intérieur du pays. C'est un élément qui est assez inquiétant et un indicateur de la situation sécuritaire.»

Les droits humains en « chute libre »

Du côté des droits humains, les ONG Human Rights Watch, Amnesty et la FIDH s'inquiètent. « Les droits humains en chute libre un an après le coup d'État », c'est le bilan, sans appel, dressé conjointement par ces trois principales organisations internationales qui travaillent sur le sujet.

« Nous sommes profondément préoccupés par la répression de l'espace civique et politique, mais aussi des médias indépendants, explique Illaria Allegrozzi, chercheuse sur le Sahel pour Human Rights Watch, au micro de David Baché.

Elle est jointe par David Baché. Le président Bazoum et sa femme sont toujours détenus de manière arbitraire. Des dizaines des responsables du gouvernement renversé, mais aussi des personnes proches du président Bazoum, mais sont aussi en détention. Plusieurs journalistes ont été arrêtés de manière arbitraire ou ont été victimes d'intimidation, d'arrestation. Depuis le coup de temps, la liberté des médias a été fortement restreinte. Les autorités ont harcelé, menacé des journalistes et beaucoup nous ont confié qu'aujourd'hui ils pratiquent l'autocensure parce qu'ils ont peur des représailles.»

La loi sur la cybercriminalité a été révisée pour rétablir des peines de prison pour diffamation par le biais d'un système d'information. « Au mois de juin, le ministre de la Justice et les droits de l'homme a annoncé la modification d'une loi sur la cybercriminalité, reprendIllaria Allegrozzi. La modification de cette loi constitue un recul très dangereux qui pourrait être utilisé pour réduire au silence toute voix jugée dissidente des défenseurs des droits humains, des activistes, des journalistes ».

Le président renversé Mohamed Bazoum est toujours retenu au palais présidentiel avec son épouse. Son immunité a été levée le mois dernier.

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