Dakar — Le président de Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko, a estimé que ce n'était pas à la France de fixer "unilatéralement le nombre d'Africains trahis et assassinés" suite à une décision de Paris de reconnaître, "morts pour la France", six tirailleurs sénégalais exécutés par l'armée française à Thiaroye en 1944.
"Ce n'est pas à elle (la France) de fixer unilatéralement le nombre d'Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauver, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu'ils méritent", a déclaré Ousmane Sonko à travers ses réseaux sociaux, dimanche.
L'Office national français des combattants et des victimes de guerre a reconnu, "Morts pour la France", six tirailleurs sénégalais, dans une décision en date du 18 juin, rendue publique récemment. Il s'agit de quatre Sénégalais, un Ivoirien et un soldat de la Haute-Volta, devenue le Burkina Faso.
Le 1er décembre 1944, plusieurs anciens combattants africains, de retour d'Europe après avoir participé à la Deuxième guerre mondiale, avaient été massacrés par des militaires français au camp de Thiaroye, dans la banlieue dakaroise, pour avoir réclamé leurs arriérés de solde et prime de démobilisation.
Ils réclamaient leurs arriérés de solde et prime de démobilisation, après avoir participé à la libération de la France sous l'occupation nazie.
Communément appelés "tirailleurs sénégalais", ces soldats venaient des colonies françaises d'Afrique, du Sénégal, du Bénin, du Mali, de la Côte d'Ivoire, du Tchad, de la Centrafrique, du Niger, du Gabon et du Togo.
M. Sonko qui se revendique souverainiste et panafricaniste a toujours exigé "le rétablissement de la vérité sur le nombre" de tirailleurs sénégalais tués à Thiaroye en 1944 et leur "réhabilitation humaine, mémorielle et matérielle".
Dans son message publié, dimanche, il a souligné que ce massacre sera désormais remémoré autrement.
Il a demandé au gouvernement français de "revoir ses méthodes, car les temps ont changé !".
"Thiaroye 44, comme tout le reste, sera remémoré autrement désormais", a dit Ousmane Sonko au titre de président de Pastef-Les Patriotes.
Selon lui, "d'aucuns ont salué comme une grande avancée la décision des autorités françaises d'accorde leur +reconnaissance+ à six des soldats africains froidement abattus en 1944 au camp de Thiaroye par l'armée française. Une reconnaissance qui consiste à leur attribuer, à titre posthume, l'étiquette +mort pour la France+".
Il se demande "pourquoi cette subite prise de conscience alors que le Sénégal s'apprête à donner un nouveau sens à ce douloureux souvenir, avec la célébration du 80e anniversaire cette année ?"
Ousmane Sonko a déclaré que la France "ne pourra plus ni faire ni conter seule ce bout d'histoire tragique".
Le 26 juin dernier, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé, en Conseil des ministres, qu'un Comité ad hoc sera mis en place pour préparer la commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais et africains en 1944, au camp de Thiaroye.
"Abordant le second point de sa communication, le Premier ministre a informé le Conseil que conformément à la décision de Monsieur le Président de la République d'organiser la commémoration du 80ème anniversaire du massacre des tirailleurs sénégalais et africains en 1944 au camp de Thiaroye, un Comité ad hoc chargé des préparatifs de l'événement sera mis en place. Le rapport de ce comité sera soumis à sa haute attention au mois de septembre 2024", rapporte le communiqué du Conseil des ministres.
Les événements ayant conduit au massacre d'anciens tirailleurs sénégalais à Thiaroye (banlieue dakaroise), en décembre 1944, ont été "tout simplement épouvantables, insupportables", avait estimé le président français François Hollande en 2014 à Dakar.