Niger: Retrait des forces américaines - Goodbye, Niger

Le général de brigade Moussa Barmou, commandant des forces d’opérations spéciales du Niger, avec le lieutenant-général Jonathan Braga, commandant des opérations spéciales de l’armée américaine, à la base aérienne 101 au Niger, le 12 juin 2023. (photo d'illustration)

Fin de mission pour les soldats américains stationnés au Niger. Le lundi 5 août, l'Oncle Sam a en effet procédé à la fermeture de la base 201, ce qui marque la fin de sa présence militaire, comme le veulent les autorités nigériennes au pouvoir depuis le coup d'Etat du 26 juillet 2024.

« Le retrait des forces et du matériel américains de la base aérienne 201 à Agadez est achevé », a déclaré dans un communiqué le commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), qui ajoute que « la coordination se poursuivra entre les forces armées américaines et nigériennes au cours des prochaines semaines afin de s'assurer que le retrait total s'effectue comme prévu ».

« Une vingtaine de personnes sont encore présentes au Niger », a précisé lundi Sabrina Singh, porte-parole adjointe du Pentagone. Le personnel restant se trouve dans l'ambassade des Etats-Unis, à Niamey, pour « préparer la fin du retrait », a-t-elle indiqué. Cette opération, qui a consisté à faire partir un millier de soldats avec des équipements lourds, le tout par voie aérienne et en très peu de temps, est sans conteste à l'image de la puissance militaire des Américains, comparativement aux Français qui, eux ont dû braver la route et les manifestations hostiles, notamment au Niger et au Burkina.

Côté nigérien, le ton est visiblement empreint de satisfaction. « Ce retrait s'est achevé aujourd'hui par une cérémonie de transfert des installations en présence d'officiels des deux pays », a affirmé le chef d'état major de l'armée de terre, le colonel major Mamane Sani Kiaou, et s'est clôturé par le décollage du dernier avion de l'armée américaine. « Ce départ ne signifie pas la fin de la coopération militaire entre les deux pays », a-t-il toutefois précisé.

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Ce départ forcé s'est effectué un mois plus tôt, comme si les Américains étaient pressés d'en finir. En rappel, le processus a débuté en mai, suite à la dénonciation en mars par le gouvernement nigérien de l'accord de coopération militaire avec les Etats-Unis, qu'il juge « illégal ». Ce départ intervient à la suite de celui des Français pour à peu près les mêmes raisons : incapacité à restaurer la sécurité, suspicion de pactiser avec l'ennemi, s'agissant des français, non-partage des renseignements et impossibilité pour les autorités nationales de contrôler les mouvements de leurs désormais anciens partenaires.

Contrairement à ce qui s'est passé avec les Français, avec les Américains, c'est un divorce à l'amiable, un gentlemen's agreement qui vient de connaître son issue. Selon certaines sources, une partie des troupes et du matériel se repositionneraient au Bénin et en Côte d'Ivoire. Si cela devait s'avérer, voilà qui pourrait courroucer davantage les pays membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), pour qui Patrice Talon et Alassane Ouattara sont les valets locaux de l'impérialisme dans la sous-région.

Quoi de plus normal pour un pays souverain d'accepter qui il veut sur son territoire et de chasser qui il ne veut pas. Cela dit, on a beau chasser les Français, les forces européennes de Takuba et ensuite les Américains, bref renvoyer à leurs chères études militaires les impérialistes occidentaux et les remplacer par d'autres impérialistes russes, on a le sentiment que la situation sécuritaire ne s'est pas particulièrement améliorée. Pas plus qu'au Niger, où les attaques se multiplient depuis de longs mois, encore moins au Mali et au Burkina.

N'en déplaise au président malien Assimi Goïta qui lors de son passage à Ouaga a dit que le Sahel est sous contrôle alors que les échos qui nous parviennent disent le contraire. Si congédier les partenaires occidentaux est la panacée pour venir à bout de l'hydre terroriste selon les trois régimes militaires du Sahel, tant mieux pour nous.

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