Après le Rwanda où il a représenté son mentor à l'occasion de l'investiture, pour un quatrième mandat, du président Paul Kagame, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a entamé, hier, 12 août 2024, une visite officielle à Bamako au Mali.
Ce déplacement, annoncé de longue date, intervient quelque deux mois après celui du président Bassirou Diomaye Faye. Alors, de quoi Ousmane Sonko va-t-il parler avec ses hôtes à Bamako ? En tout cas, même si l'ordre du jour de la visite n'a pas été rendu public, les sujets de discussions ne manqueront pas. Surtout quand on sait que les nouvelles autorités sénégalaises et les dirigeants des pays membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) que sont le Burkina Faso, le Niger et le Mali, prônent l'indépendance totale de l'Afrique.
Tous estiment que le paternalisme et la condescendance dont faisaient montre certains partenaires traditionnels, doivent désormais céder la place au respect de la souveraineté des pays africains et de leur dignité. Ce faisant, et actualité oblige, on imagine qu'Ousmane Sonko ne manquera pas de revenir sur la dernière attaque dirigée contre l'armée malienne et ses supplétifs russes à Tinzouataine dans le Nord-Mali, et dont les uns et les autres s'accordent à dire qu'elle a été fomentée par l'Ukraine. Certes, Dakar n'est pas allée très loin comme l'ont fait Bamako et Niamey, en rompant ses relations diplomatiques avec Kiev.
Après l'étape de Bamako, Ousmane Sonko ne manquera pas de faire un tour à Ouaga et Niamey
Mais les autorités sénégalaises n'avaient pas hésité à convoquer l'ambassadeur ukrainien pour lui remonter les bretelles, exprimant ainsi leur solidarité au peuple malien. En tout cas, le pays de la Teranga semble avoir pris toute la mesure de la situation. D'autant que la sortie dudit diplomate ukrainien, à travers la vidéo dans laquelle il exprimait ouvertement son soutien aux terroristes maliens au lendemain de l'attaque de Tinzouataine, aurait pu mettre à mal les relations de bon voisinage qu'entretiennent le Sénégal et le Mali ? A preuve, au-delà du fait que les deux pays ont en partage plusieurs réalités socio-culturelles, ils entretiennent d'importants échanges commerciaux, notamment dans le domaine agro-pastoral. Pour toutes ses raisons, Bamako valait bien un détour.
Cela dit, on peut affirmer, sans grand risque de se tromper, que c'est essentiellement en raison de leur proximité idéologique avec les dirigeants de l'AES, et de bien d'autres considérations, que les autorités de Dakar ont été choisies pour jouer les médiateurs entre la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et ces derniers qui ont claqué la porte de l'organisation ouest-africaine en fin janvier dernier.
Ce qui fait dire à certains qu'après l'étape de Bamako, Ousmane Sonko ne manquera pas de faire un tour à Ouaga et Niamey ; lui qui s'est toujours dit favorable au retour de l'AES dans la CEDEAO. Réussira-t-il, avec son mentor, à relever ce défi ? On attend de voir.