Sénégal: Au Mali, Ousmane Sonko veut renouer avec le dialogue

Le Chef de Gouvernement Sénégalais Ousmane Sonko a salué l’ouverture et la réceptivité dont a fait preuve le Président GOÏTA tout au long de leur entrevue qui était élargie au Premier ministre malien, Dr Choguel Kokalla MAIGA.

C'était sa première visite officielle dans ce pays membre de l'Alliance des Etats du Sahel qui a récemment tourné le dos à l'organisation ouest-africaine Cédéao.

"Il faut que nous mettions les émotions de côté, que nous travaillions sur la base de préoccupations concrètes si on se dit panafricaniste. Tout panafricaniste doit avoir comme seul et unique objectif de réunir les africains au-delà de nos divergences. Donc, quelques soient nos divergences, essayons comme nos aïeux l'avaient fait pour créer l'empire du Mali qui s'étendait d'ici au Sénégal, au Ghana et partout. Nous ne pouvons pas faire moins qu'eux et c'est cela notre préoccupation."

A Bamako, Ousmane Sonko a insisté sur l'unité des peuples africains. Le panafricanisme dit-il, c'est l'unité africaine. Un avis que partage l'historien Amzat Boukari-Yabara.

Il souligne cependant la notion des intérêts et le contexte historique de chaque État.

"Les Etats ont des intérêts et ils les défendent. Ils ont des souverainetés qui sont plus ou moins grandes, c'est dans ce jeu-là que tout se définit en termes de conciliation. Les vues des pays de l'AES sont à respecter, je pense que Ousmane Sonko l'a très clairement expliqué", confie l'auteur de Africa, unite, une histoire du panafricanisme.

"Les pays ont des histoires différentes qui font que le panafricanisme va se traduire différemment selon qu'on le pense au Sénégal, au Mali, au Cameroun ou à Madagascar. "

Panafricanisme oui, mais sous quelle forme ?

Ousmane Sonko a également fait référence à l'ancien empire du Mali pour inviter à l'union des peuples africains. Pour l'historien Hakim Adi, auteur de "histoire du panafricanisme", il y a cependant lieu de s'interroger sur la notion de pouvoir qui prévalait au sein même de cet empire du Mali, un empire dans lequel dit-il, le pouvoir était concentré entre les mains de certains qui dominaient et exploitaient le reste de la population.

"Si on retourne dans l'histoire, on se rendra très vite compte que ce n'est pas de ce type de panafricanisme dont on a besoin aujourd'hui. On n'a pas besoin d'un panafricanisme ou d'une unité qui soit imposée par les autres. Dans ce cas, je rejette ce type de panafricanisme dont parle Sonko et qui ne sera pas bénéfique pour les peuples des pays ouest africains."

Un retour des Etats de l'AES dans la Cédéao est-il possible ?

Pour Paul Amegagkpo qui dirige l'institut Tamberma spécialisé dans la gouvernance, la rupture de certains pays avec la CEDEAO et le regroupement au sein de l'AES constitue une violation de cette dynamique qui vise à consolider des regroupements régionaux puis de consolider l'unité africaine.

" C'est un message double qui est envoyé à l'AES. D'abord, vous avez commis une erreur en sortant de la CEDEAO et en fragilisant la CEDEAO. Mais également, nous allons nous engager à ce que cette unité voulue au niveau de la communauté soit une réalité et que les états de l'AES regagnent la CEDEAO afin que les blocs régionaux solides que l'Afrique connaît aujourd'hui concourent à construire une unité africaine qui fera face aux différents défis politiques, économiques, sociaux, sécuritaires, idéologiques et culturel. "

Bien que la définition du panafricanisme reste polysémique voire flou pour le Dr. Jean François Marie Camara qui enseigne à l'université des sciences juridiques de Bamako, selon lui, il va falloir que les états ouest africainsredéfinissent la notion de coopération et que ce soit une coopération gagnant-gagnant entre états.

Ousmane Sonko a aussi rassuré les autorités maliennes. "Personne, dit-il, ne passera par le Sénégal pour déstabiliser le Mali ou pour imposer des sanctions".

Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, ont été élus en promettant la rupture avec l'ancien système. Tous deux prêchent le panafricanisme et le souverainisme, qui sont aussi les mots d'ordre des régimes militaires qui ont pris le pouvoir auMali, au Burkina Faso et au Niger.

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