Un tribunal ougandais a déclaré mardi 13 août l'ancien commandant de la rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA), Thomas Kwoyelo, coupable de 44 chefs d'accusation relevant de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Arrêté il y a maintenant plus de 15 ans dans le parc de la Garamba en République démocratique du Congo, il est le premier responsable de la LRA à avoir été jugé par une cour nationale.
La Division des crimes internationaux (ICD) siégeant dans la ville de Gulu, dans le nord du pays, annoncera la peine à laquelle elle condamne Thomas Kwoyelo « au plus tard mardi prochain », a ajouté le juge Michael Elubu.
C'est le regard inquiet que Thomas Kwoyelo a écouté le juge Michael Elubu égrener les 78 chefs d'accusation avant qu'il ne rende le verdict de la cour.
Visé par 78 chefs d'accusations (dont meurtres, esclavage, pillage, enlèvement, viols, torture...), Thomas Kwoyelo a été « reconnu coupable de 44 délits et condamné », mais blanchi de trois autres accusations et 31 autres ont été rejetées, a détaillé le juge Elubu. La plupart des crimes qui lui sont reprochés ont été commis entre 1996 et 2005 dans le nord de l'Ouganda, notamment dans sa région d'origine du district d'Amuru.
Des accusations que l'homme, aujourd'hui âgé d'une cinquantaine d'années, avait rejeté en bloc, se défendant qu'il n'avait jamais tué, que son rôle était se soigner les combattants blessés, et mettant en avant son statut d'enfant-soldat, affirmant avoir été enlevé à l'âge de 12 ans et enrôlé de force dans la LRA.
En 2021, Dominic Ongwen, également ancien commandant de la LRA, avait été condamné par la Cour pénale internationale à 25 ans de prison, bien qu'il ait fait jouer son statut d'ancien enfant soldat.
Thomas Kwoyelo n'a pas bénéficié de la loi d'amnistie
Thomas Kwoyelo a été arrêté en 2009 en RDC. Un premier procès pour 53 chefs d'accusation s'était ouvert devant l'ICD en juillet 2011, mais l'ancien rebelle avait été libéré deux mois plus tard après une décision de la Cour suprême estimant qu'il pouvait bénéficier d'une loi d'amnistie.
En cause, une loi promulguée en 2000, visant à amnistier les combattants de la LRA. La Cour constitutionnelle, qui avait été mobilisée, avait donc statué qu'il avait le droit d'en bénéficier.
Ce n'est qu'en 2015 que le procureur général de l'Ouganda a décidé de rouvrir le dossier et de le porter devant la Cour suprême, ouvrant ainsi la voie à ce jugement.
Reste à savoir si le même sort sera réservé aux autres responsables de la LRA toujours en cavale, dont leur chef, Joseph Kony, toujours introuvable aujourd'hui.