Amnesty International dénonce des violations des droits humains lors des expulsions et destructions de maisons dans des quartiers précaires d'Abidjan.
En Côte d'Ivoire, Amnesty International dénonce la campagne d'expulsions forcées et les démolitions massives menées par les autorités dans plusieurs quartiers d'Abidjan depuis le début de l'année. Des dizaines de milliers de personnes seraient concernées.
Dans une enquête sur le terrain dans les quartiers de Gesco, Banco 1, Boribana et Abattoir, l'ONG de défense des droits de l'homme a constaté un usage excessif de la force, une absence de recensement et de communication, alors que certaines démolitions se sont déroulées en pleine nuit.
Les personnes interrogées assurent ne pas avoir été informées du jour des démolitions, qui touchent des logements, mais aussi des commerces et des écoles. Ensuite, les relogements et les indemnisations se font attendre, explique Amnesty.
"Nous sommes un Etat de droit"
Le parti au pouvoir estime que cette campagne de "déguerpissements" est nécessaire pour réduire les conséquences des inondations et des éboulements dans des quartiers sujets aux inondations.
Hervey Delmas Kokou, directeur exécutif d'Amnesty international pour la Côte d'Ivoire, note que "l'Etat peut donner tous les arguments pour déguerpir les gens. Mais avant de déguerpir, il faut tenir compte de certaines mesures. Nous sommes dans un Etat de droit et l'Etat. L'Etat doit protéger la population et ce n'est pas ce que nous constatons en Côte d'Ivoire".
La scolarité des enfants compromise
Pour Amnesty International, l'opération viole clairement une série de droits internationaux. "Ces personnes doivent être informées. Il faut leur donner un temps suffisant pour pouvoir déménager et être pris en charge soit à travers une indemnisation ou par un relogement", ajoute Hervey Delmas Kokou.
Aussi, "beaucoup d'enfants ont perdu une année scolaire. Pire, je pense que d'autres n'auront plus jamais à l'école parce que ces enfants sont issus de familles pauvres. Ce sont des personnes vulnérables". Le rapport cite l'exemple d'écoles détruites. "Les enfants rentrent ensuite à la maison, qui a elle aussi a été détruite. Imaginez le calvaire pour les enfants et les parents", se désole Hervey Delmas Kokou. Par ailleurs, des étudiants expliquent ne pas pouvoir suivre leurs cours à distance ou se préparer sereinement aux examens en l'absence d'un logement.
Enfin, à Abidjan, un autre pan des destructions concerne les projets de développement urbain. Fin juillet, le quartier d'Adjamé Village a été partiellement détruit pour permettre l'élargissement d'une voie routière et a été le théâtre d'affrontements entre les forces de l'ordre et des habitants.