Soudan: Pourparlers de paix inter-soudanais à Genève - À quand un accord de paix durable?

Vue du camp de personnes déplacées d'Al Zahra à Wad Madani avant l'offensive des Forces de soutien rapide. Décembre 2023. Soudan.
analyse

Des pourparlers de paix se sont ouverts le 14 août dernier à Genève en Suisse, sous l'égide des Etats-Unis soutenus par l'Arabie Saoudite, à l'effet de trouver un accord de cessez-le-feu à la crise soudanaise.

L'initiative américaine est à saluer d'autant qu'elle intervient dans un contexte où de nombreuses voix reprochent à la communauté internationale de rester silencieuse face au drame soudanais qui dure depuis plus d'un an.

Cela dit, ce rendez-vous qui pourrait durer une dizaine de jours, semble déjà compromis. Car, l'un des protagonistes a opté pour la politique de la chaise vide. Il s'agit du camp de l'armée régulière représentant le gouvernement soudanais et dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhan, qui a fait le choix de boycotter la rencontre, soutenant qu'il n'y aura pas de paix au Soudan en présence de «milice rebelle» dans les villes et villages. Apparemment, le camp du général al-Burhan n'est pas prêt à prendre part à ces négociations. En effet, il accuse les initiateurs de ne plus être impartiaux dans leur rôle de médiateurs.

Une situation qui amène donc à s'interroger sur les réelles chances de succès de ces pourparlers qui se déroulent dans la capitale suisse. Et même si, par extraordinaire, un cessez-le-feu était obtenu au sortir de ce qu'il convient de qualifier de monologue, quelle en serait la portée quand on sait que plusieurs accords du même type ont existé de par le passé mais n'ont pas produit les effets escomptés ?

Il est impérieux d'aller au-delà des simples accords de cessez-le-feu

Il ne faut donc pas se méprendre. En vérité, le mal soudanais est très profond. Et il est à craindre que de simples accords de cessez-le-feu, qui ne sont même pas respectés sur le terrain, ne suffisent pas à sortir le pays du bourbier dans lequel il s'enfonce depuis près d'un an et demi. En fait, la crise soudanaise est d'autant plus complexe qu'elle se trouve confrontée à un problème de sincérité des acteurs impliqués dans la recherche de solutions. En témoignent les nombreuses tentatives de médiations qui se sont toutes avérées infructueuses depuis le début des évènements en avril 2023.

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La guerre a assez duré et les chiffres font froid dans le dos. En effet, le conflit qui oppose depuis avril 2023, l'armée régulière menée par Abdel Fattah al-Burhan aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) de son ex-adjoint, le général Mohammed Hamdane Daglo dit Hemeti, a fait, selon les Nations unies, des dizaines de milliers de morts avec plus de 10,7 millions de personnes déplacées à travers le pays et 2,3 millions d'autres qui ont dû fuir vers les pays voisins.

Face à cette catastrophe humanitaire, il y a lieu d'en appeler à la sagesse et surtout à l'humanisme des deux généraux qui, pour assouvir leur soif du pouvoir, font vivre un enfer sur terre à ces pauvres populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Pour limiter les dégâts qui, du reste, sont déjà énormes, et soulager les souffrances des populations, il est impérieux d'aller au-delà des simples accords de cessez-le-feu pour envisager, avec le concours de tous les belligérants, un accord de paix durable. A quand cet accord ? Les milliers de Soudanais n'attendent que cela.

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