Petit à petit, les contours de ce qui paraissait un serpent de mer et apparaissait comme le projet d'une centrale nucléaire au Burkina Faso, sont en train de se préciser.
En effet, le Conseil des ministres, en sa séance hebdomadaire du 14 août 2024, a adopté un décret portant création, organisation et fonctionnement de l'Agence burkinabè de l'énergie atomique (ABEA). L'ambition clairement affichée de l'Exécutif burkinabè à travers cette nouvelle structure qui apparait dans le paysage institutionnel du pays, est de « permettre l'indépendance énergétique du Burkina Faso, l'industrialisation du pays et de faciliter l'accès à l'électricité partout sur le territoire national ».
Même si la mise en place de cette agence n'est véritablement que le premier pas vers la matérialisation d'une grande ambition qui relève, encore pour certains, de l'utopie, l'on peut déjà se féliciter de cette initiative qui donne une claire idée du Burkina dont rêve le capitaine Ibrahim Traoré.
Rien qu'en brisant le mythe de l'énergie atomique qui n'était accessible qu'aux grandes puissances mondiales, ce projet ouvre des perspectives nouvelles pour le pays et pour le continent africain. Cela dit, plus grand sera le succès si la mise en place de l'ABEA aboutissait à la création de la centrale, une réalisation qui permettrait de mettre de l'énergie à la disposition d'éventuels investisseurs au Burkina Faso.
Il faut que le transfert de technologie soit accompagné d'un transfert de compétences
L'on sait, en effet, que l'un des freins au développement industriel au Burkina Faso, est la non- disponibilité de l'énergie ou son coût surélevé. Ce goulot d'étranglement qui a pour conséquence de rendre peu compétitives nos unités industrielles, pourrait être donc levé et donner un coup d'accélérateur à l'industrialisation du pays.
Mais au-delà de l'industrialisation accélérée du pays, c'est une véritable révolution sociale et économique que la disponibilité de l'énergie atomique dans le pays, pourrait entrainer non seulement en créant des milliers d'emplois directs, mais aussi en rendant l'énergie disponible pour de nombreuses activités qui vont du social à l'économique. A titre illustratif, l'on imagine les seuls gains en matière de qualité de vie et de santé pour les populations. Enfin, l'énergie atomique est réputée pour être parmi les énergies propres. Et cela n'est pas rien pour un pays qui souffre déjà des aléas climatiques. L'on pourrait dire que cette initiative est tout bénef pour le pays.
Toutefois, il y a des dispositions très utiles à prendre quand on sait que l'énergie atomique peut être source de graves périls quand surviennent des accidents et autres avaries. L'on garde tous en mémoire les graves dangers qu'ont fait planer sur la planète, les explosions de centrales nucléaires à Tchernobyl ou à Fukushima. Et l'on imagine que ce serait l'un des plats de résistance de l'ABEA.
Et l'autre disposition importante à prendre est de faire en sorte que l'indépendance énergétique poursuivie, ne se mue pas en dépendance technologique. Cela dit, il faut que le transfert de technologie soit accompagné d'un transfert de compétences à travers la formation de ressources humaines qualifiées et compétentes. Enfin, il faudra que la mise en place de la centrale annoncée, soit aussi accompagnée d'une éducation adéquate des populations qui doivent certainement intégrer de nouveaux comportements afin d'éviter les risques bien connus de l'énergie nucléaire.