Burundi: Le président Ndayishimiye continue de mener une «implacable répression», pointe Amnesty

Évariste Ndayishimiye, président Burundais

Le président Évariste Ndayishimiye continue de mener une « implacable répression » contre les voix critiques au Burundi, avec arrestations et « procès iniques », a affirmé Amnesty International dans un rapport publié mercredi. Cela douche le « fragile espoir » suscité par son arrivée au pouvoir en 2020, selon l'ONG, qui dénonce les actes « d'intimidation, de harcèlement, d'arrestations et de détentions arbitraires » visant les activistes, les journalistes et autres.

Ancien secrétaire général du parti au pouvoir (le CNDD-FDD), M. Ndayishimiye a succédé à Pierre Nkurunziza, mort en juin 2020, qui avait dirigé d'une main de fer ce petit pays de la région des Grands lacs durant une quinzaine d'années. Celles-ci ont été marquées par la sanglante répression en 2015 d'un mouvement de protestation contre un troisième mandat de M. Nkurunziza, faisant au moins 1 200 morts.

Son arrivée au pouvoir avait notamment vu quelques signes d'ouverture démocratique salués par la communauté internationale, comme la libération en décembre 2020 de plusieurs journalistes emprisonnés.

Mais, quatre ans après le début du mandat du président, « malgré l'espoir fragile, quoique fondé, de voir la présidence et le gouvernement d'Évariste Ndayishimiye mettre fin à la période de répression, le Burundi assiste à l'implacable répression visant des membres actuels et passés de la société civile, ainsi que les personnes qui remettent en cause le discours du gouvernement en matière de droits humains », affirme Amnesty International.

À quelques mois des élections législatives et locales de 2025, l'ONG dénonce une « implacable répression » contre les voix critiques du pouvoir. Elle pointe notamment « les actes d'intimidation et de harcèlement, les arrestations, les placements en détention et les procès iniques visant les défenseurs des droits humains, les militants, les journalistes et les membres de l'opposition ».

Cela alors que le pays était marqué par une société civile très dynamique jusqu'à la crise de 2015.

Bujumbura évite la polémique et demande la « liste de ces opprimés »

Interrogé par l'AFP, le secrétaire général et porte-parole du gouvernement Jérôme Niyonzima n'a pas répondu sur le fond, demandant la « liste de ces opprimés ».

Évoquant « une vague ininterrompue de répression », l'ONG revient notamment sur le cas de la journaliste Floriane Irangabiye, condamnée en mai 2023 à 10 ans de prison pour « avoir porté atteinte à l'intégrité du territoire national » au terme d'un procès « entaché de graves irrégularités ». La journaliste a finalement été graciée par le président le 14 août et libérée.

La chercheuse Rachel Nicholson, spécialiste du Burundi auprès d'Amnesty International, cette « tendance est très inquiétante ».

01:03 «Souvent, on utilise des accusations de rébellion ou atteinte contre la sûreté de l'État contre ceux qui ont exprimé des opinions contraires au gouvernement», explique la chercheuse Rachel Nicholson, spécialiste du Burundi pour Amnesty International

Théa Ollivier L'ONU dénonce une « répression croissante »

Le Burundi, l'un des pays les moins développés de la planète, pointe au 108ème rang (sur 180) du classement sur la liberté de la presse de Reporters sans frontière. Si RSF note « quelques signaux favorables envoyés » par le président, l'organisation fait état d'un « environnement (qui) reste encore très hostile pour l'exercice du journalisme ».

En février 2023, cinq défenseurs des droits humains, dont l'ancienne vice-présidente de la Commission nationale indépendante des droits de l'homme Sonia Ndikumasabo, avaient été arrêtés par les services de renseignement et poursuivis « pour rébellion, atteinte à la sûreté de l'État et au bon fonctionnement des finances publiques ».

Deux militants, dont Mme Ndikumasabo, ont été acquittés et trois autres déclarés coupables de rébellion et condamnés à un an de prison avec sursis. Ils ont tous été remis en liberté, mais le ministère public a fait appel.

À la suite de ces arrestations, l'ONU avait dénoncé la « répression croissante » des voix critiques au Burundi.

Alors que des élections locales et législatives sont prévues en 2015, Amnesty appelle « instamment » le président et son gouvernement « à prendre des mesures immédiates et efficaces pour mettre fin à la répression de l'espace civique et pour veiller au respect des droits humains de toutes et tous au Burundi ».

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