Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, entame mardi sa deuxième visite cette année en Afrique de l'Ouest, avec pour objectif de freiner les flux migratoires vers les îles Canaries et de contrer la présence russe dans la région du Sahel.
La route migratoire ouest-africaine a connu une augmentation de 154 % cette année, avec 21 620 personnes ayant traversé vers les îles Canaries au cours des sept premiers mois de l'année, selon les données de l'agence européenne de surveillance des frontières, Frontex.
Cette vague migratoire a mis à rude épreuve les ressources de l'archipel espagnol, les autorités locales indiquant qu'elles pourraient être contraintes d'héberger les migrants dans des camps militaires ou même sous des tentes, en prévision d'une augmentation des arrivées en raison des conditions plus calmes prévues dans l'océan Atlantique.
Les autorités espagnoles craignent que jusqu'à 150 000 migrants supplémentaires en provenance d'Afrique ne soient sur le point de tenter la dangereuse traversée dans les mois à venir.
D'après les données de Frontex, près de la moitié des nouveaux arrivants sont des Maliens, contraints de quitter leur pays en raison d'un conflit et d'une crise économique dans lesquels le groupe de mercenaires russes Wagner est impliqué.
Pedro Sanchez met l'accent sur le renforcement des relations avec la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, principaux points de départ des embarcations de migrants. Les deux premiers pays partagent des frontières terrestres avec le Mali.
La police espagnole opère depuis longtemps en Afrique de l'Ouest pour renforcer le contrôle des frontières, dans le cadre de la stratégie de Madrid visant à apporter une aide financière et sécuritaire aux points de départ des bateaux de migrants.
L'Espagne envisage également un retour au Mali après la fermeture de la mission militaire de l'Union européenne en mai dernier. Alors que la France avait plaidé pour la fin de cette mission, l'Espagne est en discussions avec Bamako sur une aide militaire bilatérale, selon un haut responsable militaire espagnol.
L'Espagne plaide au sein de l'UE et de l'OTAN pour une plus grande attention portée au sud global, en particulier au Sahel, compte tenu de la hausse des flux migratoires.