Au Burkina, trois jours après l'attaque de Barsalogho qui aurait fait plusieurs centaines de morts, les autorités n'ont toujours pas fourni de bilan humain officiel.
Une délégation du gouvernement de transition s'est rendue à Barsalogho, au Centre-Nord du Burkina Faso, pour tenter de rassurer la population et d'apaiser sa colère.
Combien de personnes ont été tuées dans cette localité samedi dernier (24.08) et combien ont été blessées ? Difficile de le dire pour l'instant. Le chiffre de plusieurs centaines de victimes a été avancé, mais aucun bilan officiel n'a été transmis par les autorités militaires burkinabè.
Appel à une journée de deuil
Pour l'évêque catholique du diocèse de Kaya, ce drame est l'un des plus grands jamais enregistré au Burkina Faso.
Pour Monseigneur Théophile Naré, "le peuple est abattu et c'est évident, face à un tel drame. Quel sentiment peut-on éprouver ? Sinon l'abattement, le découragement... Et il y a des grands pourquoi. Si vous suivez l'actualité, vous savez que c'est ne pas la première fois qu'il arrive une tragédie. A ce que je sache, il n'y a pas eu encore une tragédie de cette ampleur-là depuis que les attaques terroristes ont commencé et sévissent dans notre pays. C'est vraiment terrible".
Face à la colère et la tristesse, l'évêque de Kaya appelle à une journée de deuil ce mercredi 28 août, en hommage aux victimes de l'attaque du week-end dernier.
Si le bilan n'est toujours pas connu, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans, le JNIM, lié à al-Qaïda, a revendiqué l'attaque.
La moitié du pays échappe au pouvoir central
Le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en septembre 2022, avait promis de faire de la lutte contre le "terrorisme" sa "priorité". Mais deux ans plus tard, près de la moitié du Burkina Faso échappe au contrôle de l'Etat.
Selon l'ONG américaine Acled, depuis le début de cette année, au moins 3.800 civils et militaires ont été tués dans les attaques djihadistes.
Pour Wassim Nasr, journaliste chercheur sur les groupes armés dans le Sahel, "un des facteurs les plus importants, c'est l'absence de contrôle territorial, cela veut dire que l'armée et les VDP (supplétifs civils qui se battent aux côtés de l'armée, ndlr) rayonnent dans des zones ou restent dans leurs bases, mais ils ne contrôlent pas une bonne partie du territoire burkinabè. Ce qui permet aux djihadistes de se mouvoir sur ces territoires comme il leur plait. Le deuxième facteur est l'absence de contrôle aérien, donc le ciel n'est pas contrôlé".
Une délégation gouvernementale est arrivée lundi (26.08) à Barsalogho pour apaiser les habitants et a promis d'apporter une réponse ferme face "aux terroristes".