Afrique de l'Ouest: Armées nigériane et nigérienne - Après l'orage

Le chef d'état-major des armées du Nigeria, Christopher Musa
analyse

Il n'y a manifestement pas de nuage entre Abuja et Niamey et c'est par un ciel politique dégagé que le chef d'état-major des armées du Nigeria, le général Christopher Musa, a été accueilli avec les honneurs à la base aérienne 101 de Niamey par son homologue nigérien, le général Moussa Salao Barmou, le mercredi 28 août.

Qu'il est loin, le temps où les deux armées menaçaient de s'affronter ! On se rappelle qu'après le coup d'Etat d'Abdouramane Tiani qui a renversé Mohamed Bazoum, la CEDEAO avait pris un certain nombre de mesures drastiques pour faire rendre gorge aux putschistes.

Au nombre de celles-ci, des dispositions commerciales et financières avec un sus la menace d'une intervention militaire de la sous-région. Le président nigérian, Bola Tinubu, qui venait à peine d'être élu, était l'un des chauds partisans de cette idée, même si de nombreux observateurs émettaient de sérieux doutes sur sa mise en oeuvre, et la menace a fini par retomber comme un soufflet, tant les risques d'une complication de la situation sociopolitique de la région, qui était déjà suffisamment complexe, s'avéraient grands.

Les autorités nigérianes étaient d'ailleurs allées jusqu'à couper le courant dont dépend leur voisin. En effet, la Nigelec - seul fournisseur du pays, importe 70% du jus auprès de la société nigériane Mainstream. Un an après toutes ces menaces, ces coups de menton sont derrière nous et les deux pays se disent résolus à travailler en étroite collaboration pour lutter, notamment contre le terrorisme. Cela se fera à travers des opérations militaires conjointes, l'échange de renseignements et une extension de la coopération déjà existante.

Après le coup de froid, c'est donc le dégel entre les deux capitales, la real politique est sans doute passée par là. Les deux pays, ne l'oublions pas, partagent 1400 km de frontière commune et ne peuvent, en fait, se payer le luxe de fâcher indéfiniment, surtout que jusqu'à sept (7) Etats du géant voisin sont adossés au Niger. En plus du terrorisme du GSIM et du JNIM, Boko Haram menace ces deux voisins en se jouant de leurs frontières. Le Niger est dépendant de son puissant voisin qui, à son tour, a subi le contre-coup des sanctions imposées au pays d'Amani Diori, tout comme les autres pays frontaliers à l'image du Bénin.

Si avec Cotonou les relations qui étaient particulièrement glaciales sont aujourd'hui tièdes, avec le Nigeria, il s'agit d'un véritable réchauffement dicté par la raison, même s'il est vrai que le chef d'état-major de l'armée nigérienne va rendre la politesse à son homologue nigérian dans les semaines à venir.

D'ores et déjà, l'armée nigériane se dit prête à participer de nouveau à la force multinationale mixte dans le bassin du lac Tchad qui comprend également les Etats nigérien, tchadien et camerounais.

On ne peut que se réjouir de cette embellie politique, diplomatique et militaire entre les deux pays dans la mesure où le terrorisme et les nombreux trafics dont il se nourrit étant transfrontaliers, il serait illusoire de penser qu'un Etat pris isolément puisse venir à bout de cette hydre tentaculaire qui enserre toute la sous-région de ses appendices mortifères.

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