Soudan: Des tirs imputés au paramilitaires FSR font au moins 21 morts dans le sud-est du pays

Une carte montrant l’emplacement de l’État de Sennar au Soudan.

Vingt-et-une personnes ont été tuées dimanche 8 septembre dans des tirs imputés aux paramilitaires sur un marché de Sennar, dans le sud-est du Soudan, au lendemain du rejet par les dirigeants du pays d'une force indépendante pour protéger les civils.

Le Réseau des médecins soudanais qui a donné le bilan de 21 morts a en outre fait état de plus de 70 personnes blessées dans cette attaque du 8 septembre à Sennar au sud-est du Soudan. Une attaque qu'il a attribuée aux Forces de soutien rapide (FSR), les paramilitaires aux ordres du général Mohamed Hamdane Daglo, qui combattent contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Le Soudan est ravagé depuis avril 2023 par un conflit sanglant entre l'armée et les forces paramilitaires. Il a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déclenché l'une des pires crises humanitaires au monde.

L'État de Sennar, qui abritait déjà avant les combats plus d'un demi-million de déplacés selon l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM), relie le centre du Soudan au Sud-Est, contrôlé par l'armée et où des centaines de milliers d'autres déplacés ont trouvé refuge. En août, une attaque des paramilitaires avait fait au moins 80 morts dans une localité de cet État, avaient rapporté une source médicale et des témoins.

Des crimes contre l'humanité

Des experts du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU ont appelé vendredi 6 septembre au « déploiement sans délai » d'une force « indépendante et impartiale » de protection des civils dans le pays. Ils ont affirmé que les belligérants soudanais avaient commis « une série effroyable de violations des droits de l'Homme et de crimes internationaux, dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité. »

La recommandation des experts concernant le déploiement d'une force indépendante a été balayée d'un revers de la main par la diplomatie soudanaise, qui a dénoncé une « violation flagrante de son mandat » par la mission de l'ONU.

« La protection des civils reste une priorité absolue pour le gouvernement soudanais », a affirmé le ministère des Affaires étrangères, accusant les « milices de cibler systématiquement les civils et les institutions civiles ». Il a estimé que « le rôle » du Conseil des droits de l'Homme devrait être de « soutenir le processus national plutôt que de chercher à imposer un mécanisme extérieur différent », rejetant par ailleurs l'appel pour un embargo sur les armes.

Pendant ce temps la guerre continue

La guerre, qui a entraîné le déplacement de plus de dix millions de personnes, notamment dans les pays voisins, a provoqué une très grave crise humanitaire, selon l'ONU. « Le degré d'urgence est choquant, tout comme l'est l'inaction pour endiguer le conflit et répondre aux souffrances causées », a alerté ce dimanche 8 septembre le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.

En visite à Port-Soudan (est), il a appelé « le monde à se réveiller et à aider à tirer le Soudan du cauchemar dans lequel il vit », s'alarmant lors d'une conférence de presse du « quasi-effondrement d'une grande partie du système de santé ».

Selon lui, environ 70 à 80% des infrastructures sanitaires ne fonctionnent pas pleinement et le secteur humanitaire, qui avait réclamé 2,7 milliards de dollars d'aide pour 14,7 millions de Soudanais aux besoins urgents, en a récolté moins de la moitié.

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