L'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi tourne au ralenti aujourd'hui. Depuis minuit, ses salariés sont en grève, protestant contre un projet de concession de l'infrastructure au groupe privé indien Adani. Ce consortium obtiendrait un droit d'exploitation de 30 ans en échange de l'agrandissement et de la rénovation de l'aéroport. Les employés craignent que leurs emplois soient menacés.
Dans une longue file d'attente de plusieurs centaines de passagers, Patrick Mullunga, dont le vol pour Freetown devait décoller à 7h du matin, patiente depuis plus de cinq heures.
Il espère enfin pouvoir entrer dans l'aéroport : « Tout cela est ridicule. Nous, les passagers, n'avons rien à voir avec le conflit en cours avec les autorités », peste le voyageur. « Habituellement, lors de la vente d'une infrastructure publique, il y a une consultation populaire. Mais je ne crois pas que cela ait été le cas ici. C'est malheureux. Le public aurait dû être impliqué avant la vente de l'aéroport, un actif aussi important. »
Les syndicats exigent des garanties sur l'emploi
Les grévistes demandent l'abandon du projet de concession de l'aéroport au groupe Adani, affirmant que le consortium prévoit de licencier tous les employés pour en réembaucher certains selon ses propres termes. Francis Atwoli, secrétaire général de l'Organisation centrale des syndicats kényans, demande une rencontre avec les autorités : « Nos ministres sont arrogants. Ils ne nous répondent pas, mais ils prennent les appels des hommes d'affaires. Cette attitude méprisante envers les travailleurs est dangereuse et nous a conduits à cette situation. La grève continuera jusqu'à ce que nous obtenions une assurance écrite que nos employés ne perdront pas leurs emplois et seront protégés par le gouvernement. »
Hier 10 septembre, la Haute Cour du Kenya a temporairement suspendu la proposition d'Adani suite à une plainte déposée lundi par plusieurs organisations de la société civile.