Tunisie: Arrestations massives de sympathisants du parti Ennahdha sur fond de démarrage de la campagne présidentielle au pays - Kais Saïed veut faire place nette

Farouk Bouasker, le Président de L'ISIE inspectant les différents bulletins de vote pour les élections présidentielles 2024
15 Septembre 2024

Sale temps pour les sympathisants du parti islamistes ENNAHDHA en Tunisie. Alors que la présidentielle du 6 octobre prochain, avance à grands pas, le président tunisien Kais Saïed, multiple les arrestations de ses opposants et autres voix critiques. En effet, plus de cent sympathisants composés de cadres, militants et autres membres du parti islamiste Ennahdha, ont été alpagués et conduits devant le pôle judiciaire antiterroriste. Ces arrestations massives ont lieu au moment même où la campagne électorale pour la présidentielle d'octobre prochain, a pris son envol le 14 septembre 2024.

Un coup dur donc pour le parti ENNAHDHA qui ne compte pas pour du beurre sur la scène politique tunisienne. Sans donner un blanc-seing aux partisans du parti islamiste, on fait le constat que le président tunisien chercher à faire place nette. On est d'autant plus porté à le croire qu'il continue de restreindre, de jour en jour, les espaces de liberté, en vue de réduire au silence ses opposants. En tout cas, tous ceux qui sont capables de lui tailler des croupières n'ont plus voix au chapitre. A preuve, les candidats qui étaient 6 au départ, ne sont plus que trois. Même si l'on admet que le tamis a été fait par l'Autorité supérieure indépendante des élections (ISIE) il reste que c'est la volonté de Kais Saïed qui a été respectée.

C'est d'autant plus vrai que l'ISIE semble avoir passé outre la décision de la Justice administrative qui, naguère, avait autorisé les candidats recalés à compétir. En fait, on voyait venir les choses. Car, le président Kais Saïed, il faut le dire, a tellement verrouillé le système que la probabilité était forte que tous les candidats capables de lui tailler des croupières, soient recalés par l'ISIE. Et pour cause : elle a édicté les conditions, pour ne laisser la place qu'à des candidats motards. Et ce, dans un contexte où la crédibilité des institutions est d'autant plus sujette à caution surtout quand on sait que ces dernières sont dirigées par des hommes-liges de l'universitaire président. Lequel se prépare à aller à un plébiscite après avoir travaillé à faire place nette pour s'ouvrir le boulevard d'une réélection sans coup férir.

Le changement n'est pas pour demain

Comment peut-il en être autrement quand on voit comment le président Kais Saïed a travaillé à renforcer ses pouvoirs par l'adoption, en 2022, d'une Constitution aussi controversée qu'elle a fait couler beaucoup d'encre et de salive par l'instauration d'un régime hyper-présidentiel en rupture avec la précédente loi fondamentale qui limitait volontairement le rôle du chef de l'Etat. Toujours est-il que le faible taux de participation lors de l'adoption de cette Constitution, traduit la désaffection des populations tunisiennes obligées de subir les dérives autocratiques de leur président qui a oeuvré au musèlement des voix critiques tout en concentrant l'essentiel du pouvoir entre ses mains, dans un contexte où la liberté de la presse reste fortement préoccupante.

Et c'est peu dire que les Tunisiens qui ont lutté pour plus de liberté à travers le printemps arabe, ne sont pas loin, si ce n'est déjà fait, de la désillusion avec Robocop qui, dans sa vision de restructuration du système politique, a travaillé à brader les acquis de la révolution. En tout état de cause, avec ce deuxième mandat qu'il se prépare à aller chercher au bout d'une élection qui apparaît déjà comme une simple formalité, c'est peu dire que le changement n'est pas pour demain et que les Tunisiens ne sont pas au bout de leurs peines.

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