Au petit matin, le soleil baigne déjà Tunis de ses premiers rayons. Fraîchement débarqué de Londres, Yahya Bouhlel, 27 ans, s'apprête à enchaîner les rendez-vous professionnels pour propulser sa start-up, GoMyCode, vers de nouveaux horizons.
Une entreprise soutenue et financée par la Banque africaine de développement et l'Union européenne à travers la plateforme panafricaine d'investissement AfricInvest.
Le début d'une belle histoire
Dans sa jeunesse à Tunis, Yahya s'est découvert une passion pour l'informatique et le coding (programmation) à travers les jeux vidéo. L'automatisation du langage numérique, pour créer et développer toutes sortes d'univers, lui semble infinie.
C'est là que tout commence. Yahya, prodige des nouvelles technologies, s'envole ensuite vers les États-Unis et s'installe dans l'iconique Silicon Valley. Là-bas, le jeune Tunisien acquiert un savoir unique et des compétences particulières pour servir ses ambitions et « coder » sa propre destinée.
De retour dans sa ville natale à la saison estivale, Yahya suscite l'intérêt de ses amis qui s'intéressent de près à ses nouvelles connaissances. Ainsi naît l'école de formation numérique GoMyCode, d'abord sous la forme d'un camp d'été. Aujourd'hui, l'offre de formation n'a rien à envier aux plus prestigieux établissements internationaux.
« Nous proposons des dizaines de modules de formation couvrant des domaines tels que l'analyse de données, le marketing digital et le design. Nos programmes varient en durée, allant de 40 à 400 heures. Nos formations sont reconnues par la profession et nous sommes sur le point de décrocher une certification officielle. Je suis vraiment fier d'avoir pu aider mes concitoyens. Savoir qu'ils peuvent avoir un impact dans l'économie tunisienne et dans le monde est, pour moi, une récompense inestimable », se réjouit Yahya.
L'aventure a débuté avec son frère, une maison, et quelques milliers de dinars en poche seulement. Mais grâce à l'engouement naissant autour du coding, GoMyCode s'est développée à toute allure. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sept ans plus tard, la start-up est présente sur neuf pays à travers le monde et a formé plus de 30 000 étudiants. Parmi eux, Koutheir Cherni, lui aussi dans la fleur de l'âge.
Une histoire de transmission
Alors qu'il vient de fêter son 25e printemps, Koutheir a déjà fondé trois start-up. Actuellement à la tête de l'entreprise « Guépard », il travaille à automatiser le transfert de données pour gagner en efficacité. Ce dynamique entrepreneur a aussi bénéficié des conseils de son mentor, Yahya.
« J'ai rejoint GoMyCode en 2019. J'ai suivi leur cursus digital, et plus tard en 2020, je les ai rejoints pour déployer leur activité au Maroc. Avoir pu compter sur la confiance de Yahya, alors que j'étais très jeune, fût très gratifiant pour moi. En revenant du Maroc, j'avais acquis les connaissances techniques et managériales pour poursuivre mes propres rêves », confie Koutheir.
Aujourd'hui, les deux amis avancent avec confiance vers un avenir radieux. GoMyCode est en passe de s'implanter dans de nouveaux pays et d'ouvrir plus de bureaux en Tunisie pour former une jeunesse qui aspire à prendre le contrôle de sa vie. Cette réussite se traduit aussi par une envergure financière plus importante. En 2017, la start-up de Yahya ne générait que quelques milliers de dollars par an. En 2023, quatre millions de dollars sont entrés dans les caisses de GoMyCode.
De son côté, Koutheir se prépare avec ses collaborateurs à lancer une mobilisation pour lever 2,5 millions de dollars et développer leur premier serveur de transfert numérique. Une solution très attendue par des dizaines d'entreprises.
Cet appui a véritablement impulsé une dynamique qui n'en est qu'à ses débuts. L'objectif est tout tracé : libérer le potentiel des start-up africaines qui innovent. Un pari sur celles et ceux qui osent, entreprennent et créent de la valeur sur le continent.