Au Sénégal, les convocations de personnalités politiques et de chroniqueurs critiques des nouvelles autorités se multiplient ces derniers jours. Depuis le 30 septembre, deux journalistes ont été placés en garde à vue pour diffusion de fausses nouvelles. Et ce mercredi 2 octobre, l'opposant Bougane Gueye Dany, était, à son tour, convoqué à la division de la cybercriminalité.
Bougane Gueye Dany, qui est candidat aux élections législatives anticipées, a qualifié dans un communiqué son interpellation de « provocation » et « d'insulte à la démocratie ». En fin d'après-midi, l'opposant était toujours interrogé par la police. Selon ses avocats, il lui est reproché d'avoir contesté les chiffres sur la dette publique annoncés la semaine dernière par le Premier ministre Ousmane Sonko.
Même scénario pour le journaliste Cheikh Yerim Seck, qui a été placé en garde à vue mardi pour diffamation et diffusion de fausses nouvelles après avoir déclaré dans une émission télévisée que les chiffres présentés étaient faux. « L'ancien journaliste de jeune Afrique a estimé que ces chiffres étaient faux, il l'a répété à plusieurs reprises », explique son avocat Mamadou Gueye Mbow, mais « le contenu de ses propos ne justifie pas une mesure de privation de liberté ».
Enfin, le chroniqueur d'une chaine privée, Kader Dia a, lui aussi, été placé en garde à vue lundi pour diffusion de fausse nouvelle entre autres. Il doit être présenté au procureur de la république aujourd'hui. En cause, ses déclarations dans une émission télévisée, faisant état d'une demande de pot-de-vin de la police pour permettre le passage de la pirogue dans laquelle 34 corps sans vie ont été découverts il y a deux semaines.
Cette série d'arrestations fait réagir les organisations de la société civile qui craignent une instrumentalisation de la justice et des « règlements de compte ». « L'emprisonnement systématique n'a jamais été une solution » dénonce le défenseur des droits de l'homme Moundiaye Cissé qui appelle à protéger la liberté d'opinion.
Au Sénégal, la diffusion de fausses nouvelles est passible jusqu'à trois ans de prison, mais les organisations de défense des droits de l'homme réclament depuis plusieurs années déjà que les peines d'emprisonnement pour ce type de délit soient supprimées.