Sénégal: Interpellation de l'opposant Bougane Gueye - Attention aux dérives du pouvoir !

Ousmane Sonko, premier ministre du Sénégal
analyse

L'image doit rappeler au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, et à son Premier ministre Ousmane Sonko, de récents souvenirs.

Comme dans un jeu du « renard passe-passe, chacun à son tour », le duo à la tête du pays de la Téranga voit, sous son règne, l'opposant Bougane Guèye, leader politique de Geum sa Bopp, répondre à une convocation de la Division spéciale de la cybersécurité (DSC), accompagné de ses militants qui font bloc autour de lui. La DSC, logée au niveau du ministère de l'Intérieur, a une compétence nationale et devait entendre, hier 2 octobre, l'homme politique pour avoir critiqué le pouvoir en place.

Dans une République qui fonctionne avec des règles de droit, il est tout à fait normal qu'un citoyen réponde de ses actes devant les juridictions compétentes. Pour cette raison, il convient de saluer cette posture de la DSC de convoquer le prévenu Guèye pour écouter sa version des faits et en tirer toutes les conséquences y afférentes.

On peut avoir l'impression que Sonko et Faye oublient ce qu'ils ont vécu sous Macky Sall

Seulement, le pouvoir du tandem Faye-Sonko se doit d'éviter de reproduire ce que, lui-même, a reproché au président Macky Sall et son régime : utiliser les institutions de la République pour casser de l'opposant.

Car aujourd'hui, avec l'affaire Bougane Guèye, candidat aux prochaines législatives, ajoutée à d'autres, l'on peut avoir l'impression que Sonko et Faye oublient ce qu'ils ont vécu sous Macky Sall et d'où ils viennent. A moins qu'ils ne veuillent répéter les erreurs de leur prédécesseur. En tout cas, à l'image de propos du très respecté Alioune Tine, les leaders du Pastef aujourd'hui au pouvoir, auront été prévenus : il faut éviter de tomber dans l'erreur de criminaliser l'opposition comme par le passé. Sinon, le pas vers les dérives autocratiques du pouvoir est vite franchi.

Cela dit, au moment où le régime Faye amorce avec et pour les Sénégalais une politique de rupture en matière de gouvernance, il sera dommage de coller à la belle réputation de la démocratie sénégalaise, une image de dictature.

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