Au Ghana, plusieurs centaines de manifestants défilent en ce moment même dans les rues de la capitale, Accra. C'est la première des trois journées de rassemblement prévues par les organisateurs pour exiger des actions contre l'orpaillage illégal et réclamer la libération des manifestants arrêtés il y a un peu plus d'une semaine.
Dans la capitale du Ghana, ce 3 octobre 2024, l'ambiance était plutôt calme et ce depuis le début de la manifestation à 9h. À la mi-journée, quelques centaines de manifestants se trouvaient sur l'une des artères principales d'Accra, entourés par presque autant de policiers, rapporte notre correspondant, Victor Cariou.
Dans le cortège, code vestimentaire rouge et noir : exactement comme lors de la dernière manifestation contre le « Galamsey », l'orpaillage illégal qui s'était soldée par l'arrestation et le maintien en détention d'une cinquantaine de personnes.
Continuer le combat contre les mines d'or illégales
Pourtant, les Ghanéens interrogés par RFI ce jeudi affirment ne pas avoir peur d'être interpellés. Déjà parce que les organisateurs affirment coopérer pleinement avec la police. Mais aussi parce que le plus important, c'est de continuer le combat contre les mines d'or illégales.
On peut d'ailleurs bien lire sur les pancartes les nombreuses conséquences du Galamsey, à commencer par la pollution de la majorité des réserves d'eau du Ghana.
Un mouvement apolitique
La demande principale des manifestants reste par ailleurs la libération de leurs compatriotes, injustement détenus, selon eux. L'affaire a fait énormément de bruit depuis plus d'une semaine au Ghana. Certains syndicats et partis politiques, comme le Congrès démocratique national, ont joint leur voix à celle des manifestants. Un soutien de poids, surtout à deux mois à peine avant l'élection présidentielle de 7 décembre.
Les organisateurs tiennent cependant à préciser que le mouvement est absolument apolitique. Seule compte la défense de l'environnement et des droits des citoyens ghanéens.
Pour rappel, l'État ghanéen vient d'inaugurer une immense raffinerie, la première du pays, capable de traiter 400 kilos d'or par jour et une méga-mine censée augmenter encore plus la production.
Des aimants pour les orpailleurs illégaux qui s'agglomèrent comme des paillètes au fond de la batée, le long des barrières de ces outils industriels et qui entrainent déforestation massive et pollutions irréversibles au mercure.
Méthodes brutales
Critiqué pour son inaction, pour ne pas lutter contre la corruption, par la société civile mais aussi les chefs coutumiers et religieux, l'État a promis la création de comités. Sans effet pour le moment.
Au contraire, les autorités sont accusées par l'opposition d'user de méthodes brutales lors des manifestations : 54 militants ont été arrêtés il y a dix jours puis placés en détention pour deux semaines.
La coalition « Sauvez notre eau », qui appelle à manifester du 3 au 5 octobre a obtenu l'autorisation de la police. Elle appelle à la libération de ces militants. La lutte contre ce que les Ghanéens appellent le « Galamsey », l'orpaillage illégal se retrouve donc au coeur de la campagne pour les élections générales prévues en décembre.