Au Ghana, une coalition regroupant des associations, syndicats et partis d'opposition, a lancé un appel à manifester pendant trois jours à compter du 3 octobre 2024.
Cette manifestation fait suite à l'arrestation de 54 personnes après un rassemblement contre la vie chère et l'exploitation minière illégale qui s'est tenue, il y a deux semaines de cela. A travers donc ces 72 heures de mobilisation, les organisateurs veulent exiger la libération des manifestants placés en détention provisoire par un Tribunal.
Au-delà, ils vont également manifester contre la vie chère, aussi pour la protection des cours d'eau, menacés par une exploitation illégale de l'or en constante augmentation. Ainsi, les organisations à l'origine de la manifestation, demandent l'annulation immédiate des licences minières et un contrôle strict des zones touchées afin de stopper l'exploitation illégale de l'or.
Une exigence plus que légitime quand on se réfère au rapport alarmant de la « Ghana Water Company », l'organisme d'Etat en charge de la distribution de l'eau, qui indique que 60% des cours d'eau et réserves sont tellement pollués qu'ils ne peuvent plus être traités. Un rapport qui devrait alerter les autorités ghanéennes. En tout cas, elles doivent éviter de faire la sourde oreille (Nana Addo must avoid turning a deaf ear).
Il appartient aux tenants actuels du pouvoir de savoir gérer cette crise
Elles gagneraient à inviter les organisateurs au dialogue et à s'engager à apporter des réponses à leurs revendications légitimes qui, à la vérité, devraient être une priorité pour le président Nana Akufo-Addo. Ce d'autant que cette manif intervient à quelques mois de la présidentielle. A moins que Nana Addo ne veuille courir le risque de voir son dauphin subir un vote sanction.
En effet, en décembre prochain, les Ghanéens seront appelés aux urnes pour choisir celui qui va présider à leurs destinées pendant les 5 prochaines années. C'est dire s'il appartient aux tenants actuels du pouvoir de savoir gérer cette crise. Elles ont d'autant plus intérêt que celle-ci peut être exploitée par l'opposition à son avantage au regard de l'enjeu des échéances électorales à venir.
Déjà que John Mahama, membre de l'opposition, candidat à l'élection présidentielle de décembre et leader du Congrès démocratique national (NDC), a dénoncé des « mesures autoritaires », dans une déclaration publiée sur Facebook au lendemain des arrestations des 54 manifestants. Il faut donc espérer que les manifestations de cette semaine, lancées sous le slogan « Free The Citizens (Libérez les citoyens) », se déroulent dans le calme.
Surtout qu'elles ont été autorisées par la Police. Un esprit pour le moins républicain à saluer car, il montre, à n'en point douter, la maturité de la démocratie dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.