En pleine montée de l'extrême droite en Europe, Bruxelles veut renforcer sa capacité à accélérer les expulsions de demandeurs d'asile déboutés.
La présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, a adressé une lettre aux 27 Etats membres pour proposer les grandes lignes d'une nouvelle réforme de la politique migratoire de l'Union européenne. Juste à temps avant le sommet européen qui aura lieu jeudi (17.101) et vendredi et qui sera en partie consacré aux questions migratoires.
Pourtant, il aura fallu dix ans à l'Union européenne pour parvenir à se mettre d'accord sur le nouveau pacte sur la migration et l'asile qui doit entrer en vigueur au cours de l'année prochaine. Celui-ci prévoit notamment un nouveau mécanisme de solidarité, pour soulager les pays du sud du continent, qui enregistrent la majorité des arrivées clandestines.
Et voilà que, sous la poussée des partis d'extrême-droite en Europe, la Commission compte déjà aller plus loin. Toute nouvelle réforme risque de prendre beaucoup de temps, mais le coup d'envoi est donné.
Pas moins de 17 pays, dont tous les poids lourds de l'UE comme l'Allemagne, la France, les Pays-Bas, l'Autriche, l'Italie ou encore les pays scandinaves, ont demandé à Bruxelles un changement de "paradigme" dans la politique migratoire.
Faciliter les expulsions
L'ambition est d'accélérer les expulsions vers les pays tiers, et ce à travers deux revendications centrales.
Premièrement, des règles plus strictes pour la détention et l'expulsion des personnes considérées comme une menace pour la sécurité publique.
Au sein de l'UE, Bruxelles cherche aussi des moyens de dissuader une personne déboutée du droit d'asile de se rendre dans un autre Etat membre pour éviter ou retarder son renvoi.
Deuxièmement, se servir des politiques de visa et de commerce de l'Union européenne comme levier pour inciter les pays tiers à réadmettre les demandeurs d'asile déboutés.
Réduire le nombre de départs
"La politique migratoire de l'UE n'est viable que si ceux qui n'ont pas le droit de rester sont effectivement rapatriés", explique Ursula von der Leyen dans sa lettre.
Moins de 20% des décisions d'expulsion de migrants en situation irrégulière seraient suivies d'effet.
Bruxelles prône davantage de coopération avec les pays de départ, comme c'est déjà le cas avec la Libye et la Tunisie, pour freiner les embarcations irrégulières.
Depuis plusieurs années, les départs sur la côte ouest de l'Afrique et la route de l'océan Atlantique, depuis le Sénégal, la Mauritanie, le Sahara occidental et le Maroc sont en très forte augmentation.
Les arrivées sur l'archipel espagnol des îles Canaries ont presque doublé par rapport à l'année dernière.
Externaliser les procédures d'asile
Enfin, et c'est l'un des points les plus controversés, Ursula von der Leyen estime que les 27 pourraient "tirer les leçons" de l'accord conclu entre l'Albanie et l'Italie, dirigé par le parti d'extrême droite de Giorgia Meloni, et propose l'ouverture de "hubs de retour" dans des pays tiers.
Ce deal permet à Rome d'externaliser des procédures d'asile dans des centres situés en Albanie, qui ne fait pour le moment pas encore partie de l'UE. Ce mercredi (16.10), un premier groupe de migrants interceptés dans les eaux italiennes en mer Méditerranée doit être débarqué sur le sol albanais.