Kenya: La justice rejette les recours du vice-président Rigathi Gachagu pour suspendre sa destitution

Le président William Ruto a nommé le secrétaire du Cabinet de l’Intérieur, Abraham Kithure Kindiki, au poste de vice-président.

Au Kenya, une haute cour de justice a rejeté ce mardi 15 octobre les recours déposés par le vice-président, Rigathi Gachagua, pour suspendre sa destitution. La semaine dernière, l'Assemblée nationale a voté, à une large majorité, une motion à cet effet. Les députés l'accusent notamment d'avoir violé la Constitution, semé la discorde et détourné de l'argent. Sans aucun recours judiciaire, Rigathi Gachagua devra s'expliquer devant les sénateurs ce mercredi.

C'est au nom de la séparation des pouvoirs que le juge Chacha Mwita a rejeté les recours déposés par Rigathi Gachagua. Selon lui, le judiciaire n'est pas susceptible de s'interposer dans une procédure en cours au sein de Parlement.

Avant même que le jugement ne soit rendu, le président du Sénat Amason Kingi avait prévenu : « Toute injonction tentant d'interférer dans le travail du Parlement n'a aucun effet sur lui et ses comités alors qu'ils exercent leurs fonctions constitutionnelles. Donc la question des conséquences des jugements de la Haute Cour sur les activités du Sénat est réglée ».

En tout, ce sont 26 recours qui ont été déposés par Rigathi Gachagua. Le vice-président estime notamment que les preuves présentées par la motion de destitution, ne tiennent pas la route. L'Assemblée nationale aurait aussi précipité le processus, bâclant notamment les « consultations publiques » obligatoires. « Seuls 225 000 personnes se sont exprimées, sur plus de 14 millions d'électeurs », s'est indigné Paul Muite, avocat du vice-président, lors de l'audience.

Dans son jugement, Chacha Mwita a reconnu que les recours présentés soulevaient de sérieuses questions juridiques. Ce sera maintenant aux sénateurs d'en juger.

Au Sénat, le parti présidentiel qui a déposé la motion détient la majorité. Il est soutenu par le principal parti d'opposition l'ODM, le Mouvement démocrate orange, mais certaines voix s'élèvent pour dénoncer un règlement de comptes politiques. Le sénateur Richard Onyonka, de l'ODM : « À l'Assemblée, les députés ont livré un véritable lynchage dont l'intention et le but était de punir et de diffamer Rigathi Gachagua. Mais pour nous, au Sénat, c'est très clair, nous regarderons les faits. S'il vous plaît, apportez-moi des preuves. On n'est pas là pour débattre de rumeurs ».

L'ancien candidat à la présidentielle et avocat et Ekuru Aukot s'inquiète quant à lui de voir la démocratie kényane fragiliser. Selon lui, les 11 griefs retenus contre Rigathi Gachagua ont peu de fondements juridiques : « C'est vraiment une question de preuve. Où sont les preuves ? Par exemple, sur la question du détournement, on aurait dû commencer par déposer une plainte. Si le cas de Rigathi Gachagua devient un précédent, ça devient dangereux. Il faudra alors prévoir une avalanche de destitution ».

Le vice-président a deux jours pour convaincre les sénateurs.

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