Cameroun: L'équation Paul Biya

Panneau de campagne pour le vote
22 Octobre 2024
analyse

Alors que les rumeurs sur sa mort persistaient, au point où le démenti de la Présidence du Cameroun n'a pas convaincu grand-monde, le chef de l'Etat, Paul Biya, 91 ans, est réapparu tel le phénix qui renait de ses cendres.

Le plus vieux dirigeant en exercice de la planète, dont l'état de santé n'a de cesse de faire couler beaucoup d'encre et de salive, est rentré au pays en grande pompe, lundi 21 octobre 2024.

Les images de ce retour pour le moins triomphal, dans lesquelles, on voit Paul Biya échanger quelques mots avec le secrétaire générale de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, ont été diffusées par la télévision d'Etat, la CRTV. Tout a été savamment orchestré, pour dire que le « Sphinx » comme on le surnomme se porte à merveille et reste le capitaine du navire battant pavillon Cameroun. Pour une communication qui se voulait stratégique, les autorités camerounaises ont réussi leur coup.

Il reste tout de même, que d'apparence, Paul Biya n'a plus ses forces d'antan, le poids de l'âge pesant sur lui. Certes, les petits plats ont été mis dans les grands au Palais d'Etoudi pour faire taire les folles rumeurs, mais il n'a pas échappé aux observateurs avisés que Paul Biya ne se porte pas comme un charme. S'il s'était éclipsé de la scène publique depuis début septembre pour aller à Genève comme à son habitude, alors que des rendez-vous importants figuraient dans son agenda (AG de l'ONU à New York, Sommet de la Francophonie...), ce n'est pas de gaieté de coeur.

Certaines indiscrétions ne parlent-elles pas d'un gros coup de fatigue que Paul Biya aurait piqué, après le sommet Chine-Afrique de début septembre ? Les soucis de santé du chef de l'Etat camerounais ont sans doute resurgi, l'obligeant à prendre le chemin de la Suisse, sa destination privilégiée depuis de années, que ce soit pour des check up médicaux ou des villégiatures. De toute évidence, Paul Biya n'a plus le physique de l'emploi. Les fonctions de chef de l'Etat sont très prenantes et harassantes, ce que vieux organisme ne peut plus supporter, mais il ne semble pas vouloir lâcher prise.

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Il règne sans partage sur le pays depuis 41 ans et aspire selon toute vraisemblance à se présenter pour un huitième mandat à la présidentielle d'octobre 2025. Le chef de l'Etat camerounais s'est emménagé un boulevard, si bien qu'une énième candidature devrait passée comme une lettre à la poste. Il n'existe quasiment plus d'adversité politique, l'opposition ayant été affaiblie avec des méthodes aux antipodes de la démocratie. Une certaine sagesse (il devrait en avoir à revendre à son âge) voudrait pourtant que Paul Biya prenne du recul, pour ne pas dire une retraite.

Après plus de quatre décennies de gouvernance, qu'a-t-il encore à apporter de nouveau au pays, qu'il n'a pu faire ? Le président camerounais a fortement contribué à l'édification de sa chère patrie et l'histoire retiendra ses bas et hauts faits. Paul Biya devra en tirer toutes les conséquences et songer à désigner un dauphin, au lieu de monopoliser le pays et de le réduire à sa seule personne. Une telle posture compromet dangereusement l'avenir du Cameroun...

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