Après avoir passé sept longues semaines à l'étranger pendant lesquelles il n'a fait aucune apparition publique, le président du Cameroun, Paul Biya, a mis fin aux supputations sur son réel état de santé avec son retour au pays en grande pompe, lundi 21 octobre. Alors qu'il aura 92 ans en février prochain, quel va être désormais son programme à Yaoundé ?
Si, à la suite de son retour triomphal au Cameroun lundi 21 octobre après sept semaines d'absence, rien n'a encore été officiellement annoncé concernant l'agenda du président Paul Biya, des sources proches de la présidence de la République évoquent un président au travail, comme il l'a été depuis Genève où il vient de passer, reclus, ces sept dernières semaines. Celui-ci y recevait des piles de dossiers et des parapheurs de Yaoundé qu'il retournait à diverses administrations après les avoir traités, croient savoir ces mêmes sources.
Toutefois, compte tenu de son âge - 91 ans - et des ennuis de santé qu'on lui prête, nombreux sont ceux qui estiment que le chef de l'Etat va s'économiser et devrait poursuivre le repos qu'il s'est autorisé en Suisse. Durant les prochaines semaines, un dossier en particulier devrait cependant retenir son attention : la préparation du projet de loi de finances pour 2025 qui est en cours.
D'aucuns font le pronostic que Paul Biya pourrait, cette fois, faire une apparition au 42e anniversaire de son arrivée au pouvoir
Sur le plan politique, un événement se rapproche aussi à grand pas : la célébration du 42e anniversaire de son accession à la magistrature suprême, le 6 novembre prochain, date qui est généralement l'occasion de diverses réjouissances pour les militants et sympathisants de son parti, le RDPC, mais auxquelles Paul Biya ne participe plus depuis plusieurs années. Reste à savoir s'il pourrait en être autrement cette année, compte tenu du contexte dans lequel cet anniversaire se profile : d'aucuns font en effet le pronostic que le président pourrait rompre avec son habituelle discrétion et y faire une apparition, pour le plus grand plaisir de ses soutiens.
Le retour triomphal de Paul Biya au Cameroun, une mise en scène de communication politique Lors de son retour au Cameroun lundi 21 octobre après sept semaines d'absence qui ont fait naître bien des questions sur son réel état de santé, Paul Biya a reçu un accueil triomphal à Yaoundé. Alors que le chef de l'Etat sera bientôt âgé de 92 ans et dirige le Cameroun depuis presque 42 ans, le RDPC, son parti, comme la présidence de la République, ont voulu faire de l'événement une véritable opération de communication politique.
« Un président qui rentre dans son pays... Qu'est-ce qui mérite [une telle] célébration ? » s'interroge effectivement l'universitaire Alexie Tcheuyap, pour qui la mise en scène d'une foule festive accueillant Paul Biya relève, avant tout, d'un besoin d'affirmation et de réassurance après un « non-dit : celui du vieillissement et de la fragilité » du chef de l'Etat.
Du côté du camp présidentiel en revanche, on préfère plutôt vanter ici l'expérience tactique de l'homme politique. « On l'a annoncé mort. Le président Biya retourne à son avantage une situation qui pouvait lui paraître défavorable », dit-on ainsi au sein du parti majoritaire.
Alors que le 9 juin 2004 - déjà en réponse à des spéculations sur sa mort - Paul Biya avait déclaré : « Des gens s'intéressent à mes funérailles. Je leur donne rendez-vous dans 20 ans », 20 ans plus tard, pas de bon mot cette fois. Mais pour l'opposant Cabral Libii, la séquence illustre une nouvelle fois le fait que « Paul Biya est un totem pour son parti, l'oxygène d'un système qui joue sa survie ».
A un an de la présidentielle d'octobre 2025, même si le président n'a pas dit s'il briguerait ou non un huitième mandat, la démonstration télévisée de la capacité de mobilisation de sa formation apparaît, quoi qu'il en soit, comme un acte de campagne avant la campagne pour beaucoup d'observateurs.