Le candidat du parti au pouvoir au Mozambique, Daniel Chapo, a été élu président, a annoncé la commission électorale du pays jeudi 24 octobre, quinze jours après les élections générales du 9 octobre entachées d'irrégularités, selon les observateurs internationaux.
Investi par le parti Frelimo, qui tient les rênes de ce pays d'Afrique australe depuis un demi-siècle, Daniel Chapo est crédité de 70,67 % des voix au scrutin présidentiel contre 20,32 % en faveur de son principal opposant, Venâncio Mondlane, qui revendique la victoire et dénonce des fraudes.
En troisième position, Ossufo Momade, président de la Renamo, jusque-là le principal parti d'opposition, avec 5,81 %). Lutero Simango, le président du MDM, troisième force politique au Parlement, arrive en quatrième position, crédité de 3,21 %.
La participation a été particulièrement faible à 43,48 % seulement, a indiqué la Commission électorale devant la presse.
Des résultats qui doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel
Avant l'annonce des résultats, le président de la Commission nationale électorale, Carlos Matsinhe, a expliqué que plusieurs actions ont été menées auprès des tribunaux et du Conseil constitutionnel.
Des contentieux dont on ne connaît pas le résultat. Toutefois, la CNE était tenue d'annoncer les résultats dans les 15 jours après le vote. Les recours engagés, selon Carlos Matsinhe, « peuvent avoir un impact sur les résultats » annoncés aujourd'hui. « L'annonce des résultats ne referme pas le processus, tant que ceux-ci n'ont pas été validés », a-t-il précisé.
Les surprises de cette élection
Jusqu'à sa désignation en mai dernier par le Frelimo, le parti qui dirige le pays depuis l'indépendance, Daniel Chapo était un inconnu aux yeux de la population mozambicaine. Il était gouverneur de la province d'Inhambane, avant donc son élection à la présidence, avec près de 71 % des voix, selon la Commission électorale.
À seulement 47 ans, Daniel Chapo devient le premier président né après l'indépendance du Mozambique en 1975. Il est aussi le premier chef d'État à ne pas avoir participé à la guerre civile qui a suivi, qui a duré 15 ans et tué un million de personnes.
L'autre surprise, c'est justement la percée politique de son principal concurrent : Venâncio Mondlane. À 50 ans, « VM7 » ou Venâncio, comme l'appellent ses partisans, était le candidat du petit parti Podemos, mais il a su s'imposer face aux historiques partis d'opposition. Juste après le scrutin, il a dénoncé un « banditisme électoral » organisé par la Commission électorale.
Des irrégularités que relèvent également les observateurs de l'Union européenne.
La semaine dernière, deux proches de Venâncio Mondlane ont été abattus en plein centre de la capitale Maputo, provoquant des manifestations en début de semaine, réprimées par la police.
L'opposant appelait aujourd'hui à « paralyser le pays ». Les villes du pays sont restées calmes toute la matinée, jusqu'à cet après-midi selon l'AFP, quand des centaines de manifestants ont commencé à défiler à Maputo, ainsi qu'à Nampula et Nacala dans le nord-est du pays.
RFI avec agences