La machine des législatives anticipées du 17 novembre 2024 est enclenchée au Sénégal, en vue du renouvellement, pour cinq ans, des 165 membres de l'Assemblée nationale.
La campagne y relative a été lancée, le dimanche 27 octobre dernier, pour durer trois semaines, avec en lice, 41 listes de candidats issus de plusieurs partis et coalitions politiques. Entre autres, forces en présence, on a le parti présidentiel, le PASTEF, dirigé par le Premier ministre, Ousmane Sonko et les coalitions d'opposition Jamm Akk Njerign (La paix et le pouvoir) et Takku Wallu Sénégal (Ensemble pour sauver le Sénégal), pilotée respectivement par l'ex-Premier ministre, Amadou Ba et le chef de l'Etat sortant, Macky Sall.
Le dernier ancien maitre du pays, qui avait promis se retirer « complètement » de la vie politique, a fait volte-face, constituant de fait la surprise, pour ne pas dire le trouble-fête de ces législatives cruciales. Macky Sall qui avait été désavoué par une bonne partie de ses compatriotes, va-t-il peser dans la balance et permettre à l'opposition de garder la main sur le Parlement ?
Le verdict des urnes nous le dira bientôt, mais d'ores et déjà, il est évident que l'ancien chef de l'Etat prend un gros risque. Si d'aventure, sa coalition connait une débâcle à ces législatives, il pourrait signer son enterrement politique. En tous les cas, la lutte pour les sièges de députés s'annonce âpre pour les partisans du pouvoir et de l'opposition, qui fait particulièrement des pieds et des mains pour que le nouveau chef de l'Etat, Bassirou Diomaye Faye, n'obtienne pas les pleins pouvoirs.
Elu le 24 mars dernier avec 54,28 % des votes au premier tour, le président a dû dissoudre l'Assemblée nationale, conformément à ses prérogatives, pour convoquer ces législatives anticipées. Bassirou Diomaye Faye et son binôme au sommet de l'Etat, Ousmane Sonko, n'en pouvaient plus de subir les caprices d'un Parlement dominé par le régime sortant et issu des élections de 2022. Ces deux hommes au destin exceptionnel, qui ont quitté la prison pour le pouvoir, vont-ils parvenir à inverser la tendance en leur faveur et continuer de fait à écrire les pages de leur belle histoire ? La confiance, que le peuple sénégalais a placée en eux en leur confiant les rênes du pays, incite à le croire.
Faye et Sonko qui ont promis une rupture totale dans la gouvernance, doivent nécessairement avoir les clés de l'Assemblée nationale, pour faire passer des lois concourant à cette vision politique. Une certaine logique voudrait que le futur Parlement soit acquis au PASTEF, mais sait-on jamais. Le contraire n'étonnerait pas non plus, pour un pays qui fait office de modèle en matière de démocratie sur le continent. Le Sénégal fait d'ailleurs partie des rares pays en Afrique à n'avoir pas connu de coup d'Etat.
Un fait qui est régulièrement souligné par les chantres de la démocratie. Faye et Sonko devraient pourvoir tirer leur épingle du jeu, vu le contexte de soif de changement au Sénégal. Le seul paramètre qui inquiète, c'est le climat dans lequel vont se dérouler les législatives, tant le Sénégal est coutumier des remous sociopolitiques. Diomaye Faye a appelé les Sénégalais, notamment les acteurs politiques, à éviter les dérives dans leurs discours et leurs actes, mais sera-t-il entendu ? On l'espère...