Burkina Faso: Il y a dix ans, une insurrection mettait fin au règne de Blaise Compaoré

Le président Blaise Compaoré du Burkina Faso à la 17 session ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l'Uemoa, Dakar le 24 octobre 2013

Le 31 octobre 2014, Blaise Compaoré, alors président du Burkina Faso, était contraint à la démission à la suite d'une insurrection populaire qui l'a conduit à fuir son pays. Un pays qui manifestait depuis des mois avec les partis politiques ou des mouvements comme le Balai Citoyen, pour que soit rejeté un projet de réforme de la constitution.

Il aura fallu 48 heures à Blaise Compaoré pour perdre un pouvoir qu'il détenait depuis 27 ans, rappelle Frédéric Garat, rédacteur en chef du service Afrique de RFI. Il n'aura pas su écouter la rue : les partis d'opposition et la société civile manifestaient depuis des mois contre sa réforme de la constitution.

« On nous a gazés depuis le matin, mais malgré ça, la jeunesse est déterminée. Voilà, nous sommes à l'Assemblée, on va avancer, nous allons faire dégager notre président ! », prévenait déjà un manifestant le 30 octobre.

Après l'incendie de l'Assemblée nationale ce jour-là, où le vote de l'article 37 devait lui permettre de postuler pour un nouveau mandat, Blaise Compaoré tergiverse 24 heures, avant de finalement annoncer sa démission le 31 octobre.

C'est la rencontre de deux forces qui a permis la victoire de cette insurrection

Frédéric Garat Dans les rues de Ouagadougou, c'est une liesse incroyable. Un Burkinabè témoigne alors : « Je n'avais pas de doute hier qu'il allait se passer des choses parce que la détermination de Burkinabè, lorsqu'elle est lancée, c'est inarrêtable ». « C'est le peuple qui a arraché le pouvoir, donc c'est au peuple de décider à qui remettre le pouvoir », abondait une manifestante.

Un pouvoir remis finalement et provisoirement à un inconnu à l'époque : le lieutenant colonel Zida, qui, devant les portes de l'état-major, rassure la population en annonçant le ralliement de l'armée.

Élections, putschs et attentats

Depuis le 31 octobre 2014, Ouagadougou aura connu trois putschs, trois attentats et deux élections présidentielles.

Le Burkina Faso sans Compaoré a d'abord été l'espoir d'une vérité enfin établie sur des crimes qui ont marqué le pays, en premier lieu celui de Thomas Sankara. Au terme d'un procès qui aura duré une année et en l'absence de Blaise Compaoré, réfugié en Côte d'Ivoire, celui-ci est condamné par contumace à la prison à perpétuité, tout comme son chef d'état-major, le général Gilbert Diendéré.

Il avait des craintes, en n'étant plus président, de subir la justice internationale

Frédéric Garat Dans l'affaire Norbert Ozngo en revanche, la famille de ce journaliste assassiné avec ses compagnons attend toujours un procès pour savoir quel rôle ont joué, là encore, Blaise Compaoré et son frère François.

Le Burkina post-Compaoré, c'est aussi une situation sécuritaire considérablement dégradée, avec la multiplication des attentats terroristes dans le pays et aussi dans la capitale depuis 2016, avec celui de l'hôtel Splendid, et l'attentat du café Aziz Istanbul en 2017.

Face à l'impuissance du président Roch Marc Christian Kaboré, réélu en 2020, les militaires ont repris la main après deux putschs successifs en 2022. Mais ni le colonel Damiba, ni le capitaine Traore n'ont pu enrayer le phénomène terroriste, qui s'accentue.

Seul fait notable du pouvoir militaire : les syndicats, les partis politiques et les organisations de la société civile, ceux-là mêmes qui avaient fait chuter Blaise Compaoré, sont aujourd'hui réduits au plus strict silence. L'ancien président, quant à lui, a acquis la citoyenneté ivoirienne et vit à Abidjan.

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