L'accord historique entre Maurice et le Royaume-Uni sur la souveraineté des Chagos sera-t-il compromis avec le retour de Trump à la Maison Blanche ? Le dossier est complexe, car outre la reconnaissance de la souveraineté mauricienne sur ce territoire, il y a en jeu l'avenir de la base militaire américaine de Diego Garcia et le retour des Chagossiens sur leur terre. À Maurice, certains craignent « une pause », voire un « raidissement » dans ce dossier.
L'accord du 3 octobre 2024 entre Port-Louis et Londres qui reconnaît la souveraineté mauricienne sur les Chagos est une avancée historique dans ce contentieux territorial vieux d'un demi-siècle. Un traité devait suivre cet accord, mais un retour de Trump à la présidence américaine pourrait remettre cette décision en question, en raison de la présence de la base militaire américaine sur l'archipel.
« Je pense que dans l'immédiat, on risque d'avoir une pause dans les négociations, pointe Milan Meetarbhan, ancien ambassadeur de Maurice aux Nations Unies. Le temps de donner à la nouvelle administration de prendre position. Parce qu'il faut se rappeler que les éléments conservateurs aux États-Unis ont des réserves, pour ne pas dire des critiques, à l'égard du gouvernement mauricien qui pourrait, selon eux, accorder des facilités similaires à d'autres pays dans l'archipel ».
Demande de compensation et du retour des exilés
Maurice espère que Joe Biden aidera à finaliser un traité avec Londres avant l'éventuel retour des Républicains en janvier 2025. Cependant, Jean-Claude de l'Estrac, ancien ministre des Affaires étrangères, anticipe des négociations plus compliquées : « On sait qu'une aile de parlementaire britannique hostile de l'accord entre Maurice et le Royaume-Uni a déjà pris contact avec l'équipe de Trump, sur la base d'un dossier qui lui a été présenté, contre l'accord qui a été signé et le traité qui est en négociation. Le vrai problème, c'est le risque d'un raidissement des Britanniques, même s'il n'y pas de risque de remise en cause totale de l'accord. »
Un accord d'ici janvier semble peu probable vu les enjeux. Outre la reconnaissance de sa souveraineté, Maurice réclame des compensations pour 56 ans d'occupation, des redevances pour la base américaine de Diego Garcia, et le retour des exilés sur une partie du territoire.