Donald Trump a été élu 47e président des États-Unis hier. Depuis la confirmation de sa victoire, la question de l'accord sur les Chagos et du financement des promesses électorales est revenue sur le tapis. Lors de sa conférence de presse hier, Renganaden Padayachy, ministre des Finances sortant, a affirmé qu'à aucun moment, il n'avait parlé des fonds qui seraient obtenus de la Grande-Bretagne concernant la location de Diego Garcia pour financer le manifeste électoral.
«Les négociations sont en cours. Le chiffre sera connu dans quelques jours ou dans quelques semaines», a-t-il dit. Il a avancé que le programme, qui avait été travaillé bien en amont, est basé sur les chiffres du gouvernement. Cependant, le Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, l'avait dit :«Kouma eleksion pe fini, mo tir rent book pou Diego Garcia, nou pou gagn par miliar tou sak lane.» Par la suite, Subhasnee Luchmun-Roy avait repris les mêmes propos et affirmé que c'étaient les milliards des Chagos qui financeraient les pensions et les allocations. Toujours est-il que ce changement de pouvoir pourrait avoir un impact sur l'accord qui a été trouvé.
Milan Meetarbhan, ancien ambassadeur de Maurice aux Nations unies, précise tout d'abord qu'il n'y a pas de traité qui a été défini. «Il y a un accord avec la Grande-Bretagne pour signer un traité», dit-il. Cependant, il avance que les États-Unis ont aussi un rôle important car, sur Diego Garcia, il y a une présence américaine et non anglaise. «Certes, officiellement, l'accord est avec la Grande-Bretagne, mais lorsqu'on parle de compensation, on ne sait pas qui allait réellement payer.»
Selon l'ex-diplomate, il faudra désormais voir la position de la nouvelle administration américaine sur la question pour pouvoir avancer. «L'élément conservateur des États-Unis avait pris position contre cet accord, tout comme les conservateurs anglais», rappelle-t-il. Donc, la possibilité que la nouvelle administration demande à réétudier les principes de ce qui a déjà été discuté et annoncé il y a environ un mois. «Si c'est le cas, le fondement même de l'accord changera.»
Mais il est aussi possible que les États-Unis soient à l'aise avec le fait que Maurice ait cédé ses droits souverains à la Grande-Bretagne indéfiniment. Dans ce cas, l'accord tiendra toujours. «Il faudra attendre, mais l'option que les États-Unis demandent à revoir l'accord est bien réelle», réitère-t-il. Renganaden Padayachy a, lui, précisé que l'accord est avec le gouvernement britannique, pas avec les États-Unis.
Nando Bodha, ancien ministre des Affaires étrangères et candidat de Linion Reform, avance tout d'abord que cette élection aura un impact sur la géopolitique mondiale, car Donald Trump a un politique isolationniste qui place les États-Unis au centre. «On peut s'attendre à un durcissement du ton par rapport à l'Europe sur l'Otan. Il sera plus favorable aux actions d'Israël à Gaza, et l'aide financière et militaire américaine en Ukraine pourrait diminuer», dit-il.
Quant à Maurice, il dit qu'il y a la perception que rien ne changera sur l'accord concernant les Chagos. «Mais c'est une fausse impression car ce sont les États-Unis qui paieront le bail.» Encore une fois, il s'attend à un durcissement de ton des Américains sur ce dossier. «De plus, il est aussi possible que le président élu fasse pression sur les travaillistes anglais et les conservateurs qui ne sont pas favorables à cet accord pour que le gouvernement britannique même revoie sa position», ajoute-t-il.
L'autre point qu'il soulève est la sécurité. Pour Donald Trump, la sécurité des États-Unis passe avant tout. «Avec ce qui se passe actuellement chez nous, il peut être perçu que nous sommes un pays qui n'arrive pas à assurer sa propre sécurité. Donc, comment est-ce que les pays amis pourront nous faire confiance ?» lance Nando Bodha.
Royaume-Uni : l'extrême droite demande à Trump d'imposer son veto sur l'accord
Selon un article publié par «The Independant» dimanche, Nigel Farage, député d'extrême droite au Royaume-Uni, mène une campagne pour convaincre Donald Trump de bloquer l'accord controversé de sir Keir Starmer visant à restituer les Chagos à Maurice. Des conseils juridiques, initiés par Farage et préparés par des experts pro-Brexit, ont été transmis à l'équipe de Trump, bien que son implication directe reste non confirmée.
Nigel Farage et ses alliés espèrent que Donald Trump interviendra pour empêcher l'accord, qu'ils considèrent comme une «trahison». Le document juridique critique la position du ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, qui avait affirmé que le Royaume-Uni n'avait pas d'autre choix que de transférer les îles à Maurice et il avertit que cet accord pourrait également affecter des territoires américains comme Guam.
En outre, l'accord inclurait une location partielle de l'archipel pour 99 ans, ce que les experts estiment insuffisant pour protéger les intérêts britanniques et américains contre une éventuelle influence chinoise.