« J'étais dans une situation difficile avec mon mari gravement malade, qui est malheureusement décédé. Mais, si j'ai pu survivre jusqu'à ce jour avec mes enfants, c'est grâce aux revenus du karité qui est ma seule activité » génératrice de revenus, témoigne Yacoubou Safa, une habitante de la localité de Banigri (centre), membre d'Antisua, une association de femmes rurales actives dans la production et la transformation du karité au Bénin.
«Grâce au projet on a de quoi préparer les repas et on arrive même à payer les fournitures scolaires à nos enfants. », ajoute Oroudama Alima, trésorière d'Antisua à Banigri.
Pour ces deux femmes ainsi que les membres de l'association Antisua à travers le pays, le projet a été une bouée de sauvetage.
Financé par le Fonds africain de développement, le guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement, le Projet d'appui à la gestion des forêts communales-phase II (PAGEFCOM-II) est mis en oeuvre dans quatre départements du Bénin : l'Atlantique, le Zou, les départements des Collines du Borgou et de la Donga, qui couvrent une superficie totale de 59 746 km², soit 52,06 % du territoire national.
D'un coût total de 11,19 millions de dollars, le projet est financé à travers un prêt d'environ 6,65 millions de dollars et un don d'environ 841 000 dollars du Fonds africain de développement. Il bénéficie, en outre, d'un don de 2,5 millions de dollars du Fonds mondial pour l'environnement et sa mise en oeuvre s'étale sur une période de cinq ans (2017- décembre 2024).
Son objectif : contribuer au développement durable à travers la restauration durable des écosystèmes forestiers et au développement des chaînes de valeur de l'économie verte.
La mise en oeuvre du projet a des retombées positives à travers notamment la promotion durable des filières des produits forestiers non-ligneux, tels que les amandes de karité, le miel (l'apiculture), les gousses de néré, le zaban (saba senegalensis), les fruits de baobab, les fruits de detarium, les gousses d'acacia, les feuilles et les écorces utilisées dans la pharmacopée traditionnelle.
Mais en plus de procurer des revenus aux femmes de Banigri, le projet a surtout contribué à réduire la pénibilité du travail, améliorant ainsi leurs conditions de vie.
Oroudama Alima, se rappelle les conditions de travail difficiles : « Auparavant, on devait transformer beaucoup de graines et on n'avait même pas de bassines pour transporter les noix, on se servait de nos pagnes. Chaque femme s'occupait d'une certaine quantité, et le concassage se faisait à la main. On avait de terribles douleurs et des mains enflées. On tombait régulièrement malades. Grâce à l'appui du projet, les machines travaillent à notre place et on est moins fatiguées.
Yacoubou Bio Kourô, trésorière d'Antisua dans le village de Sinahou explique que « depuis l'arrivée du projet, les conditions de travail ont considérablement changé », car la transformation des noix de karité nécessitait de longues heures pour décortiquer, laver et sécher les noix, très tôt le matin jusque tard dans la nuit.
Plus de 180 000 personnes dont 50,86 % de femmes bénéficient directement des retombées du projet et 427 000 habitants de la zone d'intervention en profitent indirectement.
Le projet contribue également à renforcer la lutte contre les effets des changements climatiques et à la résilience des femmes. La collecte et la transformation du karité rapporte environ 226 dollars (137 000 FCFA) par an à chacune des femmes bénéficiaires.
Conscientes de l'importance de ce projet qui leur a permis de construire leur résilience économique et financière, les femmes (de Banigri et de Sinahou) plaident pour un renforcement en vue de sa durabilité. Elles souhaitent un appui en équipements et en intrants pour de meilleures perspectives.
« Nous demandons au projet de nous aider à acquérir les amandes. Nous avons la capacité de produire beaucoup de karité mais il nous est difficile de trouver des amandes », souligne Yacoubou Safa.
Le projet appuie également les femmes à travers des formations. Elles ont notamment bénéficié d'une formation pour acquérir de nouvelles compétences, ainsi que de machines facilitant le décorticage et le nettoyage des noix. Des équipements de protection, des gants et des bottes leur ont été également fournis, améliorant leur confort et leur sécurité.
« Nous exprimons le besoin d'une pompe, d'un tuyau supplémentaire pour améliorer la clarté de l'huile, d'une meilleure visibilité pour augmenter les ventes, d'un bâtiment beaucoup plus grand et de l'électricité », énumère Yacoubou Bio Kourô.