Avec la levée de l'embargo sur les exportations de diamants en Centrafrique, l'industrie minière n'entrevoit qu'un retour progressif à la normale.
La guerre civile en Centrafrique a contraint le processus de Kimberley à sanctionner, depuis 2013, l'exportation de diamants en provenance de ce pays. Mais cette sanction a été totalement levée, le 15 novembre, à l'issue de la plénière du Processus qui s'est déroulée à Dubaï.
A Bria, une localité minière qui vit essentiellement de l'extraction de diamants et d'or, l'activité avait été durement affectée par ces sanctions. L'activité minière du diamant et de l'or tournait au ralenti depuis l'embargo décidé par le Processus de Kimberley.
Durant toutes ces années, Hassan et son équipe ont tout de même continué à travailler pour vendre un peu de diamants sur le marché noir.
"Je suis le chef du chantier. Avant l'embargo, on vivait bien. On vendait nos pierres précieuses, on payait nos taxes et nos enfants vivaient bien", raconte Hassan.
Des recettes en chute libre
Avec la levée du blocus, la localité peut donc désormais de nouveau exporter ses diamants. Un retour à la vie normale pour les exploitants et les mineurs.
Alain Kongbo, un exploitant artisan, explique que "la levée de l'embargo sur le diamant de la Haute Kotto nous fait plaisir. Car c'est la seule activité que nous, les jeunes, la population de Bria, exerçons ici. Nous remercions le gouvernement qui a beaucoup plaidé pour la levée de l'embargo. Cela va nous permettre de renouer avec la mine car c'est grâce à cette activité que la population aide ses enfants à aller à l'école".
L'interdiction d'exportation, prononcée en 2013, après le renversement du président François Bozizé, a été partiellement levée en 2015 et 2018. Mais les sanctions frappaient encore les deux tiers des zones minières diamantifères du pays.
L'embargo a fait chuter l'industrie du diamant en République centrafricaine. En 2011, le pays exportait un peu plus de 300.000 carats de diamants, ce qui représentait une valeur de 29,7 milliards de francs CFA, soit environ 45 millions d'euros. En 2023, les recettes avaient chuté de quasiment 90%.
Le cours du diamant au plus bas
Si le gouvernement voit en cette levée de l'embargo une victoire diplomatique, la levée des sanctions survient toutefois dans un contexte morose pour le diamant.
Rufin Benam Beltoungou, ministre des Mines, assure que "malheureusement, cette décision est arrivée à un moment où le cours du diamant est au plus bas, mais nous allons nous remettre au travail pour permettre aux artisans miniers de reprendre le chemin de la production".
La contribution du secteur minier pour le diamant et l'or représentait 11% du PIB de la Centrafrique en 2011. Aujourd'hui, il n'est plus que d'environ 6%.
Après la levée totale des sanctions du Processus de Kimberley, les autorités centrafricaines devront toutefois parvenir à convaincre les bureaux d'achats de revenir pour relancer une industrie qui s'est effondrée.