Le pont sur le fleuve Logone, une renaissance attendue par des millions de personnes en Afrique centrale

2 Décembre 2024
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African Development Bank (Abidjan)
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« Je vais souvent à Bongor pour des balades et des échanges fraternels, car nous sommes frères avec les Tchadiens, juste une limite naturelle nous sépare. Mais cette séparation a longtemps été marquée par des risques et des drames. »

Conseiller pédagogique à la délégation départementale de l'éducation de base du Mayo Danay à Yagoua, au Cameroun, Pierre Fissou, comme des milliers d'habitants des rives du Logone, connaît bien les périls de la traversée. Pendant des années, il a dû emprunter des pirogues à moteur ou à pagaie, ou encore des bacs, parfois défectueux. Il se souvient des moments où, faute d'autres options, certains ont traversé à la nage, affrontant non seulement les eaux capricieuses du fleuve en crue, mais aussi les menaces des hippopotames et le danger constant des chavirements.

« Il y avait trop de risques. Beaucoup de mésaventures ont coûté la vie à des gens, parfois même des proches », se souvient-il avec tristesse.

Récemment, Pierre a eu la chance de traverser le nouveau pont à l'occasion d'une visite autorisée. Ce qu'il a vécu « dépasse l'imaginaire », explique-t-il : « La traversée qui prenait 45 minutes à une heure n'a pris que quelques instants. Il nous a semblé que nous étions sur le même territoire. »

Pour lui, comme pour des milliers d'habitants des deux rives du fleuve, ce pont est plus qu'une infrastructure ; c'est un rêve devenu réalité, un trait d'union entre deux peuples qui n'ont jamais cessé de se considérer comme étant d'une seule famille.

Un projet d'intégration régionale ambitieux

Le pont sur le Logone, construit avec le soutien financier de la Banque africaine de développement, du Fonds africain de développement, de l'Union européenne, du gouvernement camerounais, et la collaboration des gouvernements camerounais et tchadien, est un investissement stratégique de plus de 578 millions d'euros. Achevé au bout de cinq ans, l'infrastructure a mis un terme aux dangers et aux contraintes des anciens moyens de transport, ouvrant une nouvelle ère pour les échanges transfrontaliers.

En connectant Yagoua, commune de l'Extrême-Nord camerounais, et Bongor, ville méridionale du Tchad, le pont soutient l'intégration régionale, l'un des objectifs prioritaires des « High 5 » contenu dans la Stratégie décennale 2024-2033 du Groupe de la Banque africaine de développement.

Visitant l'ouvrage le 27 novembre dernier, le directeur général de la Banque pour l'Afrique centrale, Serge N'Guessan, a salué « un modèle de coopération régionale et un moteur de transformation économique pour l'Afrique centrale ».

Le pont facilite non seulement les déplacements des personnes, mais aussi le transport des marchandises, réduisant les coûts logistiques et augmentant les opportunités commerciales. Les producteurs agricoles ainsi que les commerçants des deux rives, comme Fatimé Mahamat, voient déjà ses retombées économiques : « Nous pourrons atteindre de nouveaux marchés, sans risquer nos vies ni nos marchandises », se réjouit-elle déjà.

Le pont sur le Logone s'impose déjà comme un pilier de développement et d'unité. Pour les riverains comme Pierre Fissou, le pont est avant tout un symbole de sécurité et de rapprochement. « Tout ce que nous attendons, c'est la réception officielle. Ce jour-là, il y aura une explosion de joie que nous ne pourrons contenir », se réjouit-il par avance.

Avec cette réalisation, les deux pays voisins d'Afrique centrale prouvent que, malgré les défis, une Afrique intégrée et prospère est à portée de main. Pour Pierre, Fatimé et leurs concitoyens, ce pont est bien plus qu'un ouvrage ; c'est la promesse d'un avenir meilleur.

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