Pour les élections générales du 07 Décembre 2024, l’avis le plus largement partagé est que ce seront des élections les plus ouvertes au Ghana depuis le retour au pluralisme démocratique, quoique pour la présidentielle, on s’oriente sans doute vers une bipolarisation entre les deux grands partis à savoir, le New Patriotic Party (NPP) du Dr Mahamudu Bawumia qui a succédé au Président sortant Nana Akufo Addo, et le National Democratic Congress ( NDC) de John Dramani Mahama ancien Président par Intérim du Ghana suite au décès en cours de mandat de John Atta Mills.
La particularité cette année est que le président sortant ne se présente pas, et mieux, son parti a depuis un an désigné son candidat dans une parfaite harmonie, ce qui n’est pas rien, car il dispose suffisamment de temps face à son concurrent, avec en prime l’appareil du pouvoir que détient son mentor.
Cependant, il faut rappeler que, le 07 décembre 2024, il sera question d’une élection présidentielle couplée à des législatives ; et c’est là où l’importance de l’enjeu apparait. Car, si pour la présidentielle l’élection se gagne au premier tour à la majorité absolue, en revanche, pour les législatives, pour les 275 circonscriptions, c’est un scrutin uninominal à la majorité simple, autrement dit, celui qui a le plus de voix remporte le siège à pourvoir.
Cela revient à dire quoi ? Une victoire à la majorité absolue à la présidentielle ne permet pas nécessairement au président d’avoir les coudées franches, s’il n’a pas une majorité confortable à l’Assemblée. Mais ce n’est pas tout. On sait bien que les deux principaux protagonistes sont au coude à coude au Parlement, qui, aujourd’hui a vu ses travaux suspendus à nouveau par son Président pour une durée indéterminée, en raison des tensions entre les deux groupes, et malgré la décision de la Cour suprême annulant la décision du Président du Parlement, qui avait déclaré vacants les postes de 4 députés qui avaient quitté leur formation, pour se présenter sous une nouvelle étiquette. La perte de majorité par le NPP (de 138 à 135 députés contre 136 pour le NDC) que cette situation a induite pour le pouvoir a été en vérité à l’origine du recours du NPP sur la base de l’art 07 de la Constitution ghanéenne aux fins d’annulation.
Ces législatives jumelées à la présidentielle s’annoncent donc très serrées, surtout que les deux adversaires de la présidentielles devront relever le défi de la « bataille » du Nord dont ils sont tous les deux originaires.
La nouvelle suspension intervenue au mois de novembre, montre ainsi que la lutte politique a atteint son paroxysme à quelques encablures des législatives, car le motif invoqué à savoir « l’absence d’affaires urgentes à traiter » va compromettre le vote du budget de 2025 entre autres textes. A quelques semaines de l’élection, cela ressemble fort, pour certains, à du dilatoire des partisans du NPP pour bloquer la « majorité de faite » détenue par l’opposition.
Les prochains jours nous permettront certainement de connaitre l’épilogue de cette confrontation avec les résultats qui sortiront des urnes. D’ici là, il est difficile de dire si les ghanéens opteront pour la continuité avec le NPP, dans un contexte économique somme toute difficile, ou pour le retour aux affaires de John Dramani Mahama, dont le mandat à la tête du Ghana avait été émaillé de fréquentes coupures d’électricité.