Ghana: Alternance au pays - Les grands chantiers de John Dramani Mahama

John Dramani Mahama
9 Décembre 2024

Huit ans après son départ du pouvoir, John Dramani Mahama est de retour au palais présidentiel au Ghana. Un come-back réalisé à la faveur de la présidentielle du 7 décembre dernier, qu'il a remportée haut la main devant ses adversaires, dès le premier tour. Une victoire qui s'est dessinée avant même la proclamation des résultats, et qui ne fait d'autant pas l'objet de doute qu'au nombre de ceux qui ont tenu à le féliciter, dès les premiers instants, il y a son principal challenger, le vice-président Mahamudu Bawumia.

Ce dernier qui était le candidat du parti au pouvoir, n'a pas eu de mal à reconnaître sa défaite. Une attitude de gentleman, qui traduit le degré de maturité de la démocratie ghanéenne et qui honore, une fois de plus, le pays de Kwame Nkrumah. Car, c'est un acte de haute responsabilité qui évite au pays, les affres et les incertitudes d'une crise postélectorale en même temps qu'il traduit l'engagement de son auteur en particulier et des acteurs politiques ghanéens en général, en faveur de la paix et de la stabilité de leur pays. Toujours est-il qu'avec le Sénégal, le Ghana est la preuve, en Afrique de l'Ouest, que le continent noir est aussi capable du meilleur en termes de transparence dans l'organisation des élections. Et que malgré les enjeux, les élections ne riment pas forcément avec violences, fraudes, volonté de passage en force avec toutes les conséquences dommageables que l'on sait, comme on a pu le déplorer dans plus d'un pays sous nos tropiques africains.

Les difficultés économiques liées à la forte inflation

C'est aussi la preuve que quand on veut, on peut. Et que loin d'être un luxe pour l'Afrique, la démocratie tient tout autant d'une volonté de saine émulation entre les acteurs politiques que d'une disposition d'esprit à respecter les règles du jeu de l'alternance. Et l'exemple est d'autant plus éloquent qu'à Accra comme à Dakar, non seulement les candidats du pouvoir ont eu l'élégance de reconnaître leur défaite, mais aussi et surtout l'unanimité s'est faite autour du vainqueur dans des contextes qui en disent long sur le degré de fiabilité du vote et des délais qui honorent les institutions électorales respectives des deux pays.

Pour en revenir à John Dramani Mahama qui signe son retour historique à la tête de l'Etat, tout porte à croire que sa présidence sera loin d'être une sinécure au regard des grands chantiers qui se profilent déjà à l'horizon. A commencer par le redressement d'une économie véritablement à la peine, qui a obligé le pays à s'endetter fortement auprès des institutions de Bretton Woods, avec toutes les contraintes que cela comporte. En tout cas, tout porte à croire que les difficultés économiques liées à la forte inflation qui a entraîné un renchérissement du coût de la vie, ont pesé dans le choix des électeurs en faveur du changement, après huit ans de galère sous Nana Akuffo-Addo. Une situation qui révèle les fortes attentes des Ghanéens qui ont décidé de donner une seconde chance à John Dramani Mahama.

Il appartiendra à John Dramani Mahama de travailler à réduire les inégalités sociales

Lequel a désormais la lourde tâche, avec son parti le National Democratic Congress (NDC), de trouver une solution à la lancinante question du chômage dans un contexte de vie chère exacerbé par la crise économique qui frappe le pays depuis plusieurs années. C'est dire si le nouvel-ancien président n'aura pas d'état de grâce. D'autant plus qu'il n'évolue pas en milieu inconnu, pour avoir déjà dirigé le pays de juillet 2012 à janvier 2017. C'est dire aussi s'il lui faudra aller au charbon pour satisfaire les attentes de ses compatriotes dans un contexte où le terrorisme frappe aussi aux portes de son pays qui a déjà connu des alertes et autres incursions de faible ampleur médiatique. Autant dire qu'à côté des questions économiques, le défi sécuritaire reste l'autre grand chantier de ce second quadriennat du natif de Damongo.

D'autant plus que du Togo à la Côte d'Ivoire en passant par le Burkina Faso, son pays est entouré de trois voisins qui font tous face, à des degrés divers, à l'hydre terroriste qui ne cesse de gagner du terrain et d'étendre ses tentacules dans cette partie occidentale de l'Afrique. Quand on sait que l'une des réponses à la question du terrorisme, réside dans la mutualisation des forces, on attend de voir si le nouveau président ghanéen saura nouer des relations de confiance avec ses voisins. Particulièrement le Burkina Faso, après les sorties de son prédécesseur, qui avaient vu les relations entre les deux pays prendre quelque peu du plomb dans l'aile. Pour le reste, il appartiendra à John Dramani Mahama de travailler à réduire les inégalités sociales et à renforcer la confiance de ses compatriotes dans les institutions du pays qui reste un exemple de démocratie en Afrique de l'Ouest.

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