Tout comme le républicain Donald Trump qui revient aux affaires aux Etats-Unis, l'ex-chef de l'Etat ghanéen, John Dramani Mahama, signe son retour à la tête de son pays, à l'issue de l'élection présidentielle du 7 décembre 2024. Ce diplômé en communication de 66 ans qui avait déjà dirigé le Ghana de 2012 à 2017, renait de ses cendres, tel le phénix, à un moment où certains observateurs ne lui prédisaient plus un avenir politique radieux.
Mais ainsi en a décidé les Ghanéens qui ont confié à nouveau leur destin au candidat du parti d'opposition, National Democratic Congress (NDC), qui remporte également les législatives. John Dramani Mahama a triomphé face à Mahamudu Bawumia, vice-président sortant et candidat du désormais ex-parti au pouvoir, le New Patriotic party (NPP), qui a vite reconnu sa défaite, évitant des remous électoraux. Fidèle à sa tradition d'alternance politique, le Ghana s'est positivement illustré, une fois de plus à la face du monde.
Depuis le retour au multipartisme en 1992, les deux formations politiques majeures ghanéennes alternent le pouvoir dans les urnes, et c'est encore au tour du NDC de prendre le pays en main. Cette lourde responsabilité repose en premier sur les épaules de John Dramani Mahama, fin connaisseur de l'appareil d'Etat qui doit avant tout sa victoire au bilan économique catastrophique de l'exécutif sortant.
Sous la gouvernance de son prédécesseur, Nana Akufo-Addo qui a bouclé deux mandats, l'économie ghanéenne à péricliter, au point où les populations vivent la croix et la bannière. Elles s'interrogent avec juste raison, pourquoi leur chère patrie qui regorge d'atouts économiques importants, a pu sombrer autant. Alors qu'il est le premier producteur d'or en Afrique et le 2e producteur de cacao au plan mondial, le Ghana connait un taux d'inflation qui est passé de 54% en décembre 2022 à 22 % en octobre 2024 et un endettement élevé.
La monnaie locale, le cedi qui a perdu 27 % de sa valeur face au dollar, s'est effondrée. En défaut de paiement, cet Etat d'Afrique de l'Ouest de près de 35 millions d'habitants a dû recourir à un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI), pour rétablir la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette. La crise économique, exa-cerbée par la guerre en Ukraine, affecte les Ghanéens qui n'en peuvent plus des dures réalités et des lendemains incertains.
C'est bien pour cette raison qu'ils ont ramené John Dramani Mahama au pouvoir, lui qui a promis de redresser l'économie ghanéenne. Le leader de l'opposition constitue une lueur d'espoir pour ses compatriotes, avec les propositions qu'il a faites dans ce sens. Entre autres, le nouveau président du Ghana envisage d'assouplir la règlementation des affaires, d'adopter des réformes fiscales, de moderniser les infrastructures et d'instaurer un système de travail en trois équipes de 24 heures sur 24.
Ces mesures, si elles venaient à être mises en oeuvre, devraient permettre à l'économie ghanéenne de souffler et pourquoi pas, retrouver sa superbe, comme les populations l'appellent de tous leurs voeux. John Dramani Mahama, qui avait été également confronté à une instabilité macroéconomique sous son premier mandat, est très attendu sur le terrain de l'action politique par ses compatriotes qui ont soif de changement. Il n'a pas droit à l'erreur, vu les aspirations profondes et les attentes des Ghanéens.