Le 66e sommet ordinaire des chefs d'État et de gouvernement de la Cédéao se tient ce dimanche 15 décembre à Abuja, au Nigeria. Si de nombreux dossiers sont à l'ordre du jour, l'un devrait éclipser tous les autres, à savoir la sortie annoncée de l'organisation du Mali, du Niger et du Burkina Faso prévue pour le 29 janvier prochain. Désormais réunis au sein d'une Alliance des États du Sahel (AES), les trois pays maintiennent plus que jamais leur position malgré les tentatives de médiation.
Dès l'ouverture du 66e sommet des chefs d'État et de gouvernement de la Cédéao, ce dimanche 15 décembre, à Abuja, la capitale du Nigeria, Omar Alieu Turay, le président de la Commission, va d'abord en dresser un état des lieu global avant de faire le point sur la transition politique toujours en cours en Guinée et d'évoquer les célébrations du cinquantième anniversaire de la naissance de l'organisation ouest-africaine qui auront lieu l'an prochain.
Ensuite, le ministre nigérian de l'Économie et des Finances présentera lui un mémorandum sur l'eco, le projet de monnaie commune aux pays de la Cédéao. Wale Edun devrait notamment faire un point d'étape sur l'avancée des différents États membres en direction du point de convergence des économies de la zone.
Pieds de nez
En présence du président de la commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, qui assistera à l'ensemble de la réunion, les chefs d'État et de gouvernement devraient par ailleurs aborder la question de la mise en oeuvre d'une « force en attente » ouest africaine pour lutter contre le terrorisme remise sur la table en juin dernier. Enfin, lecture leur sera faite du texte sans nul doute le plus attendu de ce sommet, à savoir le rapport du facilitateur de la Cédéao dans les discussions avec les pays de l'Alliance des États du Sahel (AES), le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye.
Sa présentation interviendra alors que Bamako, Niamey et Ouagadougou viennent de faire deux pieds de nez consécutifs à l'organisation, ces deux derniers jours. Vendredi d'abord, en pleine réunion préparatoire du sommet, les trois pays ont conjointement rappelé leur « décision irréversible de retrait de la Cédéao » ainsi que la poursuite de leurs « réflexions » sur leurs « modalités de sortie ».
Ce samedi ensuite, le chef de l'État malien et président de l'AES, le général Assimi Goïta, a annoncé toute une série de mesures en faveur d'une libre-circulation des citoyens ouest-africains au sein de la confédération sahélienne : le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont ainsi déclaré leurs territoires respectifs ouverts sans visa à tous les ressortissants des pays membres de l'organisation.
Ces derniers ont également le droit d'y circuler et d'y résider, bien que les trois pays se réservent le droit de refuser l'accès à leur territoire à toute personne considérée comme « immigrant inadmissible ». Les véhicules de particuliers et les véhicules commerciaux et de transport ont également leur ticket d'entrée, conformément aux textes nationaux en vigueur dans les pays de l'AES.
Si, à ce stade, rien ne permet de savoir si l'initiative du Mali, du Niger et du Burkina Faso avait été préméditée ou non, la question est de savoir maintenant si la Cédéao acceptera d'acter leur retrait tout en leur appliquant à eux aussi une mesure de réciprocité en terme de libre circulation des personnes.