Sénégal: Bras de fer entre le pouvoir sénégalais et Barthelemy Dias - Un règlement de comptes politiques ?

Barthelemy Dias (g) - Ousmane Sonko (d)
17 Décembre 2024

En février 2021, alors qu'Ousmane Sonko, leader du PASTEF, s'empêtrait dans des déboires judiciaires, Barthélémy Dias, maire de Mermoz Sacré-Coeur, n'avait pas hésité à apporter publiquement son soutien au désormais Premier ministre du Sénégal. « Tu (Ousmane Sonko, ndlr) ne seras pas seul dans ce combat pour la liberté, la démocratie et la République.

Seule la lutte libère... », écrivait le quadragénaire qui avait, par la suite, noué une alliance stratégique avec Sonko, aboutissant, en 2023, à des victoires électorales, respectivement à la mairie de Dakar et à celle de Ziguinchor. Mais depuis quelques mois, la complicité entre les deux ex-opposants à Macky Sall semble s'être transformée en une inimitié viscérale. En effet, aujourd'hui, Dias dit faire l'objet de règlement de comptes politiques de la part du pouvoir du duo Sonko-Faye. Le nouveau point d'achoppement étant son maintien ou non à la tête de la mairie de Dakar, d'où Barthélémy Dias vient de se faire congédier par le préfet de la capitale sénégalaise, pour une affaire d'homicide remontant à décembre 2011.

Cette affaire a viré au bras de fer entre le pouvoir sénégalais et Mister Dias. En effet, les partisans de ce dernier crient à l'injustice et à « une opération de revanche politique ». En attendant le verdict des recours formulés par Dias auprès de la Cour d'appel et de la Chambre administrative de la Cour suprême, peut-on voir dans cette accusation, la triste chronique d'un règlement de comptes politiques ? Y a-t-il des raisons objectives pour que Dias se décide à porter des accusations aussi graves contre le duo Sonko-Faye ? Ce sera à la Justice sénégalaise de trancher et, on l'espère, en toute indépendance.

L'Etat de droit ne vaut que dans le strict respect des lois

Le président Faye et son Premier ministre qui se sont présentés comme les chantres du changement, vont-ils se renier au point d'utiliser, à leur tour, l'appareil d'Etat pour casser de l'opposant ? En tout cas, si les raisons invoquées pour « chasser » le maire de Dakar de son poste, sont fondées, pourquoi le système électoral sénégalais lui a-t-il alors permis de se présenter et de se faire élire maire et député à l'Assemblée nationale ? Sans donner le bon Dieu sans confession à Barthélémy Dias ni pointer un doigt accusateur sur le régime Faye-Sonko, il faut bien admettre le bien-fondé de la question d'autant que la politique a toujours eu ses raisons que la raison elle-même ignore.

Cela dit, le Sénégal est réputé pour être un Etat de droit et a su toujours, dans les vagues des intérêts partisans et politiques, se trouver un chemin pour laisser émerger le droit et la justice. Gageons donc qu'avec cette affaire Dias, la Justice sénégalaise ne trahira pas sa réputation et que, ce faisant, les protagonistes réaliseront que l'Etat de droit ne vaut que dans le strict respect des lois de la République.

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