Arrêté vendredi à l'aéroport SSR sous une accusation provisoire de détournement de fonds, l'exgouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, a comparu hier devant la Weekend Court à Port-Louis. Il a été libéré hier aprèsmidi contre une caution de Rs 500 000 et une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. Cette affaire, rappelons-le, implique une présumée malversation de Rs 45 millions au détriment de la Mauritius Investment Corporation (MIC), entité établie en 2020 pour soutenir des entreprises affectées par la pandémie de Covid-19.
Harvesh Seegolam a été arrêté à sa descente d'avion vendredi matin après qu'un mandat d'arrêt avait été émis contre lui. Cette décision a suivi une enquête approfondie sur une transaction jugée irrégulière de Rs 45 millions, qui aurait été approuvée en faveur d'une entreprise à haut risque. Accusé provisoirement d'entente délictueuse en vue de commettre une fraude, Harvesh Seegolam a subi un interrogatoire marathon suivi d'une perquisition à son domicile.
La comparution de Harvesh Seegolam hier avait transformé le tribunal en une véritable forteresse. Une forte présence policière, dont des membres de la Special Support Unit, assurait la sécurité des lieux. L'ambiance était tendue dans un premier temps avec plusieurs badauds curieux venus s'enquérir de cette agitation particulière un 4 janvier. La police, dont l'inspecteur Jory, s'est opposée à la remise en liberté sous caution de l'accusé. Trois raisons principales ont été avancées, dont le risque de manipulation de témoins clés, le risque de fuite d'informations et le risque de manipulation des preuves, la police craignant que Harvesh Seegolam n'altère des documents cruciaux pour l'enquête.
La magistrate, Bibi Zeenat Cassamally, a initialement pris en considération les objections de la police. Cependant, la défense, assurée par Meᣵ Ravi Yerrigadoo et Shadmeenee Mootien, a plaidé vigoureusement en faveur de la libération de leur client, soulignant qu'il était prêt à coopérer pleinement dans l'enquête. À 13 h, le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a été sollicité pour examiner la motion de la défense. Finalement, un compromis a été trouvé : Harvesh Seegolam serait libéré sous des conditions strictes. Il devra s'acquitter de Rs 250 000 demain et la même somme ultérieurement, tout en signant une reconnaissance de dette de Rs 5 millions.
Après sa libération, Harvesh Seegolam a quitté le tribunal en homme libre, ou presque. Son avocat, Me Yerrigadoo, a brièvement répondu aux questions des journalistes. «Par respect pour l'enquête en cours, mon client ne fera aucun commentaire. Nous avons confiance en la justice et nous défendrons fermement son innocence. Nous ne pourrons en dire plus car l'enquête est toujours en cours.» Harvesh Seegolam doit reviendra en cour de Port-Louis demain pour la suite de l'affaire.
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Brillant parcours
Harvesh Seegolam a été nommé gouverneur de la BoM le 1eᣴ Mars 2020. Titulaire d'un BSc (Hons) en économie et d'un MSc en finance internationale, il a fréquenté la London School of Economics, University College London, Durham University et SKEMA, grande école en France. Avant de devenir gouverneur, Harvesh Seegolam a dirigé la «Financial Services Promotion Agency», a siégé au Board of Investment, aujourd'hui Economic Development Board, où il supervisait le cluster Innovation, Technologie et Services. Sous sa direction, la Commission des services financiers (FSC) a connu une évolution significative avec la création du «FSC Regional Centre of Excellence», en collaboration avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour renforcer les capacités et la recherche dans les services financiers, la concurrence et la finance numérique en Afrique subsaharienne. Il a supervisé la création de la Mauritius Investment Corporation (MIC), un fonds destiné à soutenir les entreprises en difficulté.