Afrique de l'Est: Crise sécuritaire à l'est de la RDC - Rendez-vous manqué à Nairobi

Le Chef de l’État, Felix- Antoine Tshisekedi Tshilombo s’adresse à la nation

La rencontre de Nairobi n'a donc pas eu lieu. Et pour cause : Félix Tshisekedi et Paul Kagame ne veulent plus se voir, pas même en peinture.

A plus forte raison s'asseoir autour de la même table. Du coup, le sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC), dédié à la situation chaotique dans l'est de la RDC, été sans objet dans la mesure où les principaux protagonistes n'allaient pas y être.

Nouvel échec de médiation après celle engagée sous l'égide de l'Angola à la mi-décembre 2024.

Hormis les gesticulations, qu'elles viennent de l'Afrique ou du reste du monde, c'est le statu quo sur le plan diplomatique, où les lignes ne bougent véritablement pas.

Tout en reconnaissant l'implication du Rwanda dans le drame qui s'est noué depuis un bon bout de temps à l'est du Congo, ni l'ONU, ni les grandes puissances occidentales ne prennent de vigoureuses décisions pour mettre un terme à cette escalade. Il n'y a guère que l'Allemagne qui a suspendu le 28 janvier 2025 les discussions prévues avec le Rwanda sur son aide au développement en exigeant le retrait des forces rwandaises et de leurs alliés du M23 de l'est de la République démocratique du Congo

Tout se passe comme si la communauté dite internationale qui a sans doute des choses à se reprocher dans le génocide de 1994 avait presque peur d'effaroucher « l'homme mince » de Kigali, devenu de fait un intouchable sur les plans politique et diplomatique.

Après avoir nié pendant longtemps, c'est à visage découvert que les Rwandais agissent désormais. La preuve : la déclaration de l'ambassadeur itinérant pour la région des Grands Lacs, Vincent Karega, qui a affirmé que la progression du M23 continuerait vers le Sud-Kivu : « Ils vont continuer dans le Sud-Kivu parce que Goma ne peut pas être une fin en soi, à moins qu'il négocie avec le gouvernement de Kinshasa. Ce dont, je doute. »

Les choses sont désormais claires, si elles ne l'étaient pas déjà pas avant cette sortie. Est-ce Kagame qui a parlé par la bouche de Karega ? On doute fort qu'il prenne certaines libertés sans l'accord tacite du filiforme homme de Kigali.

Le Rwanda, qui avait aidé les rebelles de l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent Désiré Kabila à marcher sur Kinshasa pour chasser Mobutu Sese Seko, ambitionne-t-il d'entreprendre la même action avec toujours comme cheval de Troie une rébellion qu'il soutient à bout de bras ? La question mérite d'être posée. En attendant, le drame humanitaire né de la bataille de Goma continue avec plus de 100 morts et près d'un millier de blessés conduits dans les hôpitaux. Sans oublier les viols, les pillages et les pénuries alimentaires.

Et rien ne dit que les choses vont s'améliorer, vu la détérioration du climat sécuritaire dans la capitale du Nord-Kivu. Qui parviendra à instaurer cet indispensable cessez-le-feu pour permettre aux populations martyrisées de souffler un tout petit peu ? Bien malin qui saurait y répondre !

A moins que Donal Trump, qui a pour le moment d'autres « chats clandestins » à fouetter, ne s'investisse vigoureusement pour arrêter le massacre !

A ce propos, Paul Kagame lui-même a déclaré avoir eu une discussion « productive » avec le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio. Espérons donc que Kagame finisse par entendre raison.

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