Afrique: Commission de l'Union africaine - Le testament politique de Faki Mahamat

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine

Les 15 et 16 février prochains se tient à Addis-Abeba le 38e sommet de l'Union africaine. Les chefs d'Etat et de gouvernement des 55 pays membres en présence de dirigeants d'organisations internationales, non gouvernementales et de la société civile invités, vont plancher sur un ordre du jour bien chargé.

48 heures avant cette grand-messe bisannuelle des princes du continent, les ministres des Affaires étrangères, des experts et les administratifs au siège de l'organisation continentale auront débroussaillés le terrain pour aider les chefs d'Etat à des prises de décisions pertinentes dans la dynamique de résolution des problèmes qui assaillent les pays membres.

Hélas, les problèmes, l'Afrique n'en manquent pas. Qu'ils soient d'ordre sécuritaire, humanitaire, économique, politique ou institutionnel, ils sont d'une brûlante actualité, comme la guerre en RDC, au Soudan, le terrorisme au Sahel, en Somalie, les difficultés de mise en oeuvre de la ZLECA, la Zone de libre-échange commercial en Afrique.

On le voit bien, ces problèmes sont plus vieux les uns que les autres et les sommets de l'UA se suivent et se ressemblent quant à sa capacité de les résoudre. Ce n'est pas les bons diagnostics, les propositions de solution qui font défaut. Ce sont plutôt les handicaps liés au manque de volonté politique, aux moyens financiers, logistiques et à la coopération sincère de la communauté internationale, pour ne pas dire des puissants du moment, qui les annihilent.

Dès lors, nul besoin d'une boule de cristal pour prédire que ce 38e sommet sera une rencontre de plus, avec une kyrielle de résolutions ou recommandations qui resteront lettre quasi morte. Pourtant, la situation en RDC est des plus préoccupantes, par exemple. Et l'on ferme les yeux sur des conflits plus anciens !

Mais des points à l'ordre du jour de ce 38e sommet de l'Union africaine, c'est la succession ouverte de Moussa Faki Mahamat à la tête de la Commission qui fera date. En effet, l'ancien ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre du Tchad, difficilement élu après 7 tours de scrutin en février 2O17 est à la fin de son 2e et dernier mandat de 4 ans en qualité de président de la Commission. La concurrence pour lui succéder est ouverte entre le Kényan Raila Odinga, le Malgache Richard Randriamandrato et le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf.

Dans un contexte marqué par des conflits régionaux et la panne dans la mise en oeuvre des projets phare de l'organisation continentale, ce n'est point une sinécure que d'être président de la Commission de l'Union africaine. C'est du reste l'avis du président sortant, Moussa Faki Mahamat. Lui qui, dans son allocution à l'ouverture du conseil des ministres, prélude au sommet, à abandonner la langue de bois usuelle en diplomatie pour mettre le doigt là où ça fait mal.

Il a en effet stigmatisé « l'insouciance et l'inconscience » des plus hautes autorités politiques africaines qui nourrissent l'absence de volonté politique récurrente pour relever les multiples défis qui sont ceux du continent. Comme dans un testament politique, libérant sa langue, il a appelé les dirigeants africains à se réveiller pour donner à nos pays plus de chance pour la paix, la stabilité et le développement.

Moussa Faki Mahamat sait de quoi il parle. Lui qui avait été élu en 2017 pour être le bras politique et diplomatique d'un Idriss Deby Itno, très engagé avec l'armée tchadienne dans la lutte contre le terrorisme, en a vu de verte et pas mûre. 8 ans plus tard, Il quitte son poste, orphelin d'une victoire quelconque dans la lutte contre l'hydre terroriste en Afrique.

A qui la faute ? A des dirigeants léthargiques et incapables d'une vraie synergie d'actions pour booster la paix, la stabilité et le développement sur le continent, laisse-t-il entendre dans son discours testament du 12 février dernier. A bon entendeur...

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.