Rebondissement dans l'affaire de la suspension du trafic maritime entre Mahajanga et les Comores.
Des opérateurs économiques, des commerçants de Mahajanga ainsi que des ressortissants comoriens ont organisé une manifestation, samedi matin, devant le marché de Marolaka. Réclamant la réouverture de la liaison maritime, ils ont brandi des banderoles revendicatives.
"Vohay ny lalana Mahajanga-Comores fa motraka ny entanay" (Ouvrez la voie entre Mahajanga et les Comores, car nos marchandises pourrissent).
"Avelao handeha ny sambo fa efa very asa no mosary izahay" (Laissez passer les bateaux, nous avons perdu nos emplois et nous avons faim).
Des éléments des forces de l'ordre étaient présents durant cette manifestation éclair.
Cela fait six mois que le transport de passagers et de produits destinés à l'exportation entre les deux villes est suspendu. L'épidémie de choléra aux Comores a été avancée comme raison principale de cette décision. Depuis octobre, aucune marchandise n'a pu être exportée vers l'archipel.
Pourtant, un communiqué officiel du gouvernement, daté du 18 décembre 2024, a autorisé la reprise du transport maritime vers l'Union des Comores. Dans ce document à l'en-tête du ministère des Affaires étrangères, le gouvernement malgache affirmait son engagement à soutenir des échanges commerciaux responsables et sécurisés, tout en protégeant la santé publique. Mais cette autorisation est restée lettre morte, faute d'application concrète. "Nous n'avons plus rien à manger"
Face à cette impasse, les commerçants interpellent les autorités.
"Nous attirons l'attention des responsables, des élus locaux et des autorités centrales. Nous sommes endettés jusqu'au cou. Nos marchandises, pour la plupart périssables, sont toutes perdues. Seuls les légumes secs sont épargnés. Les poissons séchés, eux, sont totalement détruits. Nous n'avons plus rien à manger. Nous sommes en difficulté, incapables de payer les médicaments des malades. Ouvrez la frontière ! L'épidémie de choléra est déjà éradiquée sur place, selon nos informations. Nous vous supplions d'autoriser la reprise du trafic maritime", ont crié les porte-parole des commerçants.
La suspension des liaisons maritimes entre Madagascar et les Comores pénalise lourdement l'économie des deux pays. L'importation de produits malgaches aux Comores, notamment les arachides, les haricots blancs et les oignons, est fortement perturbée.
Les conséquences sont nombreuses. Avant la fermeture, les produits alimentaires malgaches étaient expédiés en grande quantité vers l'archipel. Plusieurs secteurs sont directement affectés par cette crise : les transporteurs, les transitaires et les collecteurs. Avec l'arrêt du trafic maritime, ces marchandises restent bloquées, entraînant des pertes considérables.
Une reprise du transport permettrait non seulement de relancer les échanges, mais aussi d'alléger la crise économique qui touche les deux pays.
Une décision restée sans suite
En décembre dernier, le Premier ministre Christian Ntsay avait affirmé que la réouverture de la liaison maritime s'inscrivait dans une logique de renforcement des relations bilatérales, avec des mesures sanitaires strictes pour éviter toute résurgence du choléra.
Mais à ce jour, l'application de la décision du 18 décembre reste en suspens. Une situation qui plonge les opérateurs économiques et les populations concernées dans une précarité grandissante.