Le syndicaliste et opposant Pierre Urbain Dangnivo a disparu en 2010, du temps où l'ancien chef d'État Boni Yayi était aux affaires. Le procès a repris mardi après sept années de suspension. La seconde journée d'audience, hier mercredi, a été marquée par de longues heures de confrontations entre les deux prévenus, Codjo Kossi Alofa et Donatien Amoussou, et des personnalités et hauts gradés de l'époque. Les mis en cause les accusent de les avoir manipulés. Les experts ont également livré à l'audience leurs résultats des tests ADN et d'autopsie.
Selon les conclusions des experts, à l'issue des tests ADN -- compris les tests contradictoires demandés par la famille - il est probable à 99, 99 % que la dépouille retrouvée près du domicile du féticheur, Codjo Kossi Alofa, l'un des deux accusés, soit celle du syndicaliste disparu en 2010.
Malgré ces résultats, Me Fifamè Marc Zizindohoué , un des avocats de la partie civile, est encore réservé quand on lui demande si on peut dire maintenant que le corps découvert est celui d'Urbain Dangnivo, disparu en août 2010. « En l'état, je ne peux pas affirmer que la dépouille est celle d'Urbain Dangnivo, assure-t-il au micro de notre correspondant à Cotonou Jean-Luc Aplogan. Je ne peux pas non plus affirmer qu'il est mort. Aujourd'hui, Urbain Dangnivo a disparu. Nous n'avons aucun élément factuel pour identifier sa localisation ».
L'autre temps fort de ce deuxième jour aura été celui des confrontations. Des hommes de l'ancien chef d'État Boni Yayi, dont un ancien ministre et un haut gradé des services spéciaux de la police, ont fait face aux deux prévenus, Codjo Kossi Alofa et Donatien Amoussou. Les accusés ont maintenu leurs charges contre ces hauts responsables et ont répété qu'ils leur avaient demandé d'endosser l'assassinat contre de l'argent. Des accusations rejetées par ces hauts responsables.
L'ancien ministre lui a reconnu avoir apporté de l'argent à un des accusés en prison. C'est un émissaire de l'ancien président, qu'il dit n'avoir pu jamais identifié, qui le lui a demandé par téléphone. Il reste d'autres témoins à entendre dont un colonel de la garde présidentielle à la retraite. « C'est un dossier rocambolesque », commente un des avocats du féticheur.