Congo-Kinshasa: Des consultations à problème

Félix Tshisekedi, président de la République Démocratique du Congo
analyse

En République démocratique du Congo (RDC), les consultations pour la formation d'un gouvernement d'union nationale ont débuté, hier lundi 24 mars 2025, à Kinshasa.

Cette initiative chère au Président Félix Tshisekedi concerne, entre autres, la majorité présidentielle, les partis d'opposition parlementaires et extraparlementaires, la société civile et des personnalités de haut rang comme les anciens chefs d'Etat congolais. Dans un contexte de guerre dans l'Est du pays, marqué par une avancée sur le terrain inquiétante du mouvement rebelle, M23, soutenu par le Rwanda voisin, Tshisekedi sonne le rassemblement face à l'adversité.

« Ne soyons pas distraits par des querelles internes, des manipulations extérieures ou des relents tribaux. Nous devons nous unir », a-t-il affirmé en février dernier, lors de l'annonce de ces consultations. Rassembler la nation pour mieux faire face à l'adversité, voilà l'esprit qui anime le président congolais. Son idée fait-elle pour autant l'unanimité au sein de la classe politique congolaise et de la société civile ?

Ce n'est pas l'impression qui se dégage, à voir par exemple la posture d'une bonne partie de l'opposition. Pour certains opposants, ces consultations relèvent plus d'une manoeuvre politique visant à consolider le pouvoir de Tshisekedi, que d'une volonté de résoudre la crise sécuritaire dans le pays. Dans le lot de ceux qui le disent, figurent l'ex-gouverneur du Katanga et fondateur du parti, Ensemble pour la République, Moïse Katumbi et Delly Sessanga du parti Envol, farouchement opposés à l'initiative. Le prédécesseur de Tshisekedi, Joseph Kabila, souscrit-il aussi à ces négociations ? De toute évidence, l'ancien président ne porte pas l'actuel dans son coeur et vice-versa, au point que l'on se demande si l'organisation de ces consultations l'emballe.

Les deux hommes s'accusent mutuellement d'être à l'origine de la crise sécuritaire qui secoue l'Est du pays. D'ailleurs, la plupart des opposants contestent la légitimité de Tshisekedi, dont ils ont qualifié la réélection en décembre 2023 de « simulacre », qu'on ne voit pas comment ils pouvaient apporter une caution à ces négociations. Si on peut louer l'action du chef de l'Etat congolais, il reste que son initiative n'inspire pas entièrement confiance. Comment peut-elle alors tenir la route et produire les résultats escomptés, dans un climat de méfiance et de défiance ?

La tâche s'annonce manifestement difficile pour Tshisekedi, qui cherche un ouf de soulagement face à la pression du M23. Il lui est actuellement difficile, vu les réticences, de rassembler la classe politique et la société civile face au M23.

Alors qu'il planche toujours pour le tout militaire pour venir à bout du groupe armé, d'autres Congolais y voient la possibilité d'un dialogue pour ramener la paix. Les opposants penchent plutôt pour les négociations entreprises par les leaders catholiques et protestants. Cette médiation, jugée plus crédible et impartiale, suit son cours et parait très avancée, puisque ses initiateurs ont réussi à prendre langue avec les rebelles du M23 pour s'enquérir de leurs motivations et attentes. Vu les limites objectives de l'armée congolaise à contenir le M23, le dialogue semble indispensable pour ramener la quiétude en terre congolaise, mais les lignes bougent à pas de caméléon.

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