Pour soutenir les populations touchées par la crise dans l'est de la RDC, MSF appelle les nombreux groupes armés au respect du droit humanitaire.
En RDC, l'organisation internationale Médecins sans frontières a publié ce mardi (25.03) un rapport dans lequel elle alerte sur la dégradation de la situation sécuritaire dans l'Ituri, alors que l'armée ougandaise, qui soutient Kinshasa dans l'est de la RDC étend ses opérations dans cette province.
Emmanuel Lampaert, représentant pays de Médecins sans frontières, a expliqué comment le conflit en Ituri entrave l'accès aux soins de santé et aux moyens de subsistance des habitants.
Il a saisi cette occasion pour lancer un appel au respect du droit international humanitaire par les parties prenantes dans le conflit en Ituri.
La multiplication des groupes armés en Ituri, mais aussi la possible alliance entre deux d'entre eux, la Codéco et Zaïre, avec les rebelles du M23 qui progressent depuis le Nord-Kivu, précarise plus encore les conditions de vie des habitants.
Emmanuel Lampaert note que "cela renforce l'appel à ce que l'ensemble (des groupes armés) respecte le droit humanitaire international. Et un des préalables est que la coordination civilo-militaire se fasse avec toute la clarté nécessaire, afin de préserver la continuité et l'accès aux soins. Donc, cet appel aujourd'hui est davantage lié à l'actualité, au moment où de nouveaux groupes naissent ou renaissent, avec en plus la présence des UPDF (l'armée ougandaise, ndlr) sur le terrain."
100.000 déplacés et 200 civils morts depuis le début de l'année
Les attaques des groupes armés en Ituri ont entraîné des déplacements massifs de populations.
Le plus actif dans le territoire de Djugu est la Codéco, accusée d'avoir conduit de nombreuses attaques dans les camps de déplacés, ainsi que dans les structures de santé.
Dans son rapport, MSF évoque plus 100.000 personnes déplacées et environ 200 morts dans des attaques contre des civils, depuis le début de l'année.
La situation dans la zone de santé de Drodro est très compliquée, avec des attaques contre des structures de santé, certaines étant obligées de fermer leurs portes.
En deux ans, de décembre 2022 à novembre 2024, 2.332 morts et 674 blessés ont été enregistrés en Ituri, victimes de la violence des groupes armés.
A ce jour, l'Ituri compte 1.36 millions de personnes déplacées. 277.000 vivent dans des camps, dont 60.000 à Drodro et 55.000 à Angumu.
De mars 2024 à mars 2025, MSF a pris en charge 149 victimes de violences, à la clinique Salama de Bunia.
Les FARDC appellent les groupes rebelles à déposer les armes
Pendant que les violences contre les civils se poursuivent en Ituri, le chef adjoint de l'armée congolaise est en mission à Bunia, chef-lieu de cette province.
Devant la presse, le chef d'état-major général adjoint de l'armée congolaise, le lieutenant-général Jacques Ychaligonza Nduru, a demandé aux groupes armés de déposer les armes. "Les groupes armés de l'Ituri sont des criminels, a-t-il dit. Ils sont en train de tuer les gens. Ce ne sont pas des groupes armés qu'on peut laisser comme ça. Ils doivent impérativement déposer les armes, sans conditions. Tous les groupes armés".
La visite du chef adjoint de l'armée congolaise en Ituri a lieu au moment où la présence de l'armée ougandaise dans cette province inquiète la population, qui accuse les éléments de l'UPDF de se comporter comme dans un territoire conquis.
Pour apaiser les habitants, le général Ychaligonza Nduru a annoncé le lancement prochain d'opérations militaires conjointes entre l'armée congolaise et l'armée ougandaise en Ituri, comme cela est le cas, depuis 2021, dans la partie nord de la province voisine du Nord-Kivu.