« Risquer sa vie pour survivre », c'est le titre d'un rapport que publie, ce mardi, Médecins sans frontières sur la situation sécuritaire dans la province de l'Ituri, en RDC. C'est une province située à l'est du pays, en proie à un cycle de violences à caractère communautaire depuis 2017 auquel s'ajoute l'action des groupes armés. L'objectif de l'organisation est de mettre un coup de projecteur sur cette situation et de dénoncer la recrudescence des atrocités dans la région.
« Il faut témoigner du degré de souffrances en Ituri : terres de violences et de déplacement », estime MSF. Si ce rapport documente en détail les années 2023 et 2024, le contexte de violences armées aiguës dans la zone ne s'est pas apaisé en 2025. Et les chiffres actualisés le montrent bien : +7% de personnes déplacées uniquement pour ces trois derniers mois. Au total, plus de 1,4 million de personnes ont dû quitter leur habitation en raison de cette crise sécuritaire.
Depuis décembre 2022, selon les Nations unies, plus de 2 300 civils ont été tués dans cette seule province. Plus de 800 victimes de violences sexuelles ont été recensées. Conséquences de cette situation : les conditions de vie se dégradent. Près de 43% de la population est en insécurité alimentaire chronique.
Et l'organisation médicale de noter que la réponse sur le terrain n'est pas à la hauteur des besoins. Une crise éclipsée en partie par celle qui secoue les provinces voisines du Nord et du Sud-Kivu avec l'action du groupe armé M23. Les nécessités des populations dépassent largement ce que les humanitaires peuvent couvrir. MSF appelle donc à un regain de mobilisation des bailleurs.
« Renforcer le respect du droit humanitaire international »
« Un des gros volets qu'on essaie de mettre en avant à travers ce rapport, c'est le manque ou le non-respect de la mission médicale, les structures sanitaires, le personnel, les soignants, les accompagnants, mais aussi les moyens qui assurent la continuité des soins. Les référencements à travers les ambulances doivent à tout prix être respectées. Donc un de nos appels clés à travers ce rapport, c'est en appeler au porteur d'armes, à tous ceux et celles qui ont un rôle et une responsabilité, à renforcer le respect du droit humanitaire international ».
Dans un contexte de violence aiguë, MSF souligne un « volet important de souffrance psychologique » : « À travers l'ensemble des consultations et sur base des données médicales 2023-2024, 43 % des admissions incorporent un volet important de souffrance psychologique. Donc ça fait partie intégrante de la réponse, notamment dans ce contexte, que ce soit à travers nos équipes, au niveau des formations sanitaires, au niveau de la réponse dans les sites de déplacés ».
Ce qu'on a essayé de mettre en avant, c'est effectivement les fantômes, en termes de tensions intercommunautaires, et les violences qui vont avec, de 2017-2018, réapparaissent. On les retrouve davantage. Et donc, à travers ce rapport et surtout les témoignages, on essaie d'amener la voix des bénéficiaires, de ceux et celles qui vivent, ou qui ont vécu, mais aussi nos équipes qui assistent à cette souffrance, et de lancer des appels pour qu'il y ait davantage, aussi, une attention, une lumière portée à ce conflit, ou ce contexte, qui est parfois oublié, négligé. Et donc à juste titre, nous devons toujours porter une attention à toute population qui risque sa vie pour survivre.