L'écrivain franco-algérien détenu en Algérie est accusé d'atteinte à l'intégrité du territoire algérien. Son sort attise depuis des mois les tensions entre Paris et Alger.
En Algérie, l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été condamné à cinq ans de prison ce jeudi (27.03) pour avoir tenté de destabiliser les institutions.
Le ministère français des Affaires étrangères appelle aujourd'hui les autorités algériennes à trouver une issue "rapide, humanitaire et digne à cette situation", alors que Boualem Sansal a 80 ans et souffre d'un cancer.
Le verdict de cinq ans de prison tombé au tribunal de Dar Al-Beïda, près d'Alger, c'est la moitié de la peine requise par le Parquet.
Boualem Sansal est accusé par la justice algérienne d'atteinte à l'intégrité du territoire algérien et à la stabilité des institutions. Il lui est reproché d'avoir repris à son compte dans un média français d'extrême-droite la position du Maroc selon laquelle une partie du pays aurait été amputée au profit de l'Algérie lors de la colonisation française.
Au coeur des tensions, le Sahara occidental
Sa détention a été marquée par le silence des autorités et une opacité sur ses conditions de détention. Les visites consulaires ont été refusées aux autorités françaises. Son avocat n'a pas réussi à se rendre en Algérie.
L'auteur avait été arrêté en novembre dernier, quelques mois après le revirement de la France sur le Sahara occidental, pour soutenir le plan d'autonomie sous souveraineté marocaine, alors que Rabat se dispute ce territoire avec les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger.
Depuis lors, les relations ne cessent de se dégrader entre la France et l'Algérie. Les autorités algériennes refusent par exemple d'accepter le retour de ressortissants algériens qui sont en France sous le coup d'une obligation de quitter le territoire. Et en Algérie, la droite et l'extrême-droite françaises sont taxées d'"Algérophobie".
Des signes d'apaisement entre Paris et Alger
Ainsi, l'affaire Boualem Sensal revêt un caractère hautement politique.
Le président français Emmanuel Macronavait appelé en personne, il y a une semaine, à libérer celui qu'il qualifie de "grand écrivain", estimant que les accusations portées contre l'auteur ne sont pas sérieuses.
En réponse, son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait assuré que le contentieux était "entre de bonnes mains", et que ses interlocuteurs étaient Emmanuel Macron ou le chef de la diplomatie française.
Avec ce qui est apparu comme une tentative d'apaisement, il n'est désormais pas exclu que Boualem Sansal retrouve la liberté par une grâce présidentielle après le ramadan.